[RD Congo] Wivine, teinturière à Bukavu, raconte la mise en place du Grand Collectif

Parti d’une initiative des femmes formées par l’APEF à la couture, la broderie et la teinture, le Grand Collectif a été créé à la suite de la pandémie de Covid-19. Ces femmes, qui s’étaient organisées pour produire des masques sanitaires, destinés à enrayer la propagation du virus dans la ville de Bukavu et ses alentours.

Ensemble, réunies par la production intensive de ces masques, les couturières et brodeuses mobilisées avaient pu discuter de leurs métiers, et échanger sur leur travail et leurs expériences, professionnelles comme personnelles. L’atelier de confection était pour elle un lieu de confidences, de soulagement et de partage, loin de leur vie de foyer. Cette convivialité et cette solidarité a motivé l’idée de la création du Grand Collectif.
Wivine est l’une des femmes entrepreneuses formées par l’APEF à la teinture. Au sein de son unité collective de production, des clients avaient émis le souhait d’avoir du prêt à porter, une manière de collectiviser le travail des teinturières, brodeuses et couturières. « Il ne fallait pas rester isolées, il fallait nous mettre ensemble. On est allées à l’APEF pour parler de cette idée, et ils ont décidé de nous accompagner dans ce Grand Collectif, de nous aider à trouver des solutions face aux différents problèmes que nous rencontrions.  »

Les femmes artisanes ont pu elles-mêmes déterminer les objectifs et la « vision idéale » de leur Grand Collectif. « La vision de notre collectif, était que les femmes regroupées en un seul groupe peuvent échanger leurs différentes expériences et se conseiller. Nous étions capables de nous entraider, une fois regroupées. Il fallait que notre groupe ait l’ambition d’être une grande structure qui concentre la teinture, la broderie, la couture, des produits d’occasion, toute sorte de choses comme dans une grande galerie. Nous voulions êtes de grandes femmes capables de toute sorte de choses. »

Dès lors, l’APEF a accompagné les femmes à se renforcer sur les modalités d’organisation du groupe, et sur la gestion financière. « Nous avons demandé à être accompagnées avec des outils qui nous aident à bien structurer et faire fonctionner notre Collectif. Nous n’étions pas allées à l’école, on ne savait pas comment s’en sortir avec les taxes, ni faire entendre nos voix. L’APEF nous a montré comment gérer notre argent, comment calculer nos ressources et gérer les finances du foyer comme du Collectif. Nous savions que pour qu’un groupe puisse bien fonctionner, il fallait l’organiser et le structurer. Ensemble on a élu en notre sein un comité de direction capable de conduire le Grand Collectif. »

Il a fallu ensuite trouver un local commercial pour y installer le Grand Collectif : « Ça n’a pas été facile, parce que les maisons sur la route commerciale coutaient très cher, et on n’avait pas assez de moyen. On a fait des collectes pour réunir de l’argent, l’APEF ne nous a pas abandonné et nous a aidé avec une garantie d’un an pour le loyer. » L’argent collecté en premier lieu a pu servir à l’achat des matières premières, des outils et produits pour commencer le travail.

Depuis sa création en 1996, l’APEF n’a cessé d’agir pour l’émancipation des femmes congolaise par le biais de formation techniques d’accompagnement vers une vie professionnelle valorisante. En soutenant la création et l’installation de ce Grand Collectif de femmes artisanes, notre partenaire à Bukavu réaffirme son engagement pour la construction d’une société plus juste. « Aujourd’hui, nous avons commencé à travailler ensemble et on est certaines de s’épanouir » conclut Wivine.