L’année 2021 a d’abord vu naître un nouveau partenariat liant Frères des Hommes à l’organisation Concept à Dakar, au Sénégal. Les actions conduites ensemble visent à accompagner par des formations tant techniques que citoyennes de jeunes apprentis, âgés de 13 à 30 ans, dans leur projet professionnel. Les premiers effets de ces formations se font déjà ressentir. Fallou Sagna, apprenti tailleur de 23 ans témoigne : « Les formations m’ont appris à bien mesurer, je sais maintenant tailler des vêtements sur-mesure. » Les maîtres d’apprentissage, également accompagnés par Concept, voient déjà des résultats positifs. L’un d’eux, Adama Seck parle en ces termes de son apprenti Thierno Diallo : « J’ai vu une grande évolution chez Thierno, il est plus investi et encore plus sérieux dans son travail. »
Toujours se mobiliser contre les inégalités
2021 aura aussi et surtout permis la poursuite de nos actions face aux inégalités de genre. Les femmes soutenues par notre partenaire Fedina en Inde et par l’APEF en RD Congo ont été actrices de leur propre émancipation.
La première promotion de 30 femmes formées à la coupe-couture par l’APEF a été diplômée : munies de savoir-faire techniques, d’un kit d’installation (machine à coudre, tissus et fils), et désormais conscientes de leur potentiel d’action, elles ont été nombreuses à se réunir en Unité de Production Collective à la sortie de leur formation. Ce type d’association professionnelle permet aux femmes formées de travailler en collectif et de s’assurer un revenu, tout en mutualisant leurs compétences.
Une nouvelle promotion de femmes a débuté son cycle de formation professionnelle : en associant les savoir-faire techniques de la couture à la connaissance des droits des femmes, elles tracent leur propre avenir tant personnel que professionnel !
Dans la même logique de conscientisation des femmes sur leurs droits, notre partenaire Fedina a poursuivi son travail auprès des femmes de Bangalore, dans le Sud de l’Inde. Chitra Gaekwad est une « activiste » de Fedina qui s’implique auprès des employées de maison. Elle explique : « La formation est là pour leur donner des moyens d’action. Nous amenons les femmes à identifier les injustices dans leur vie, sur leur lieu de travail et à leur domicile, tant sur le plan juridique que sur le plan des pratiques sociales. »
En 2021, malgré la nécessité de s’adapter à la pandémie, Fedina s’est efforcé de maintenir ses actions à distance et depuis septembre en présence avec l’organisation de formations à l’auto-défense pour les femmes des groupements de travailleuses soutenus par l’organisation.
Des dynamiques collectives qui se pérennisent
A Lima, alors que le début de la crise sanitaire avait été le moteur d’une initiative spontanée des habitantes de San Juan de Lurigancho, les « ollas communes » se sont pérennisées. Le principe est simple : les femmes du quartier se réunissent et mettent en place des cantines communes. Face à cet élan populaire, notre partenaire Cenca est venu en soutien. Davis Morante, directeur de Cenca, explique : « Avec l’apparition des cantines, nous avons proposé que chacune ait son propre jardin. Les femmes ont ainsi partagé leur production et certaines sont même arrivées à vendre leur surplus. »
Dans un autre contexte de crise, cette fois-ci tant politique que sanitaire et écologique, notre partenaire haïtien, le Mouvement paysan Papaye, a été confronté en 2021 à de nombreuses difficultés qui ont mis en péril la réalisation de ses différentes activités de protection de l’environnement et de renforcement des groupements paysans. En juillet, le président de la République est assassiné ; en août, un puissant séisme frappe l’anse Sud de l’île. Pour autant, la mobilisation des comités citoyens se poursuit : plus d’une centaine de réunions se sont tenues cette année.
Alexander Placide, agronome au MPP témoigne « Les comités ont vocation à être autonomes et continuer à travailler à la protection de l’environnement, pour en faire un espace véritablement vivable et nourricier. »
C’est bien l’alliance qui fait la force
Au Sénégal dans la région du Cayor, l’UGPM a poursuivi son travail de structuration et de consolidation des mouvements paysans de la région de Méckhé. Cette année a été l’occasion d’intégrer 10 nouveaux groupements membres, mais également de mettre en place un "collège des jeunes" . « Aujourd’hui beaucoup de jeunes sont tentés par l’immigration clandestine, donc il faut recréer l’espoir et faire en sorte qu’ils puissent rester et gagner dignement leur vie, explique Ndiakhate Fall, secrétaire général de l’UGPM. Le collège est un espace pour les jeunes membres de l’UGPM pour réfléchir et proposer des actions pour accompagner les jeunes et les remobiliser. » En intégrant les jeunes paysans à leurs réflexions, l’UGPM a pour ambition de les sensibiliser aux problématiques environnementales et sociales, et que ces bonnes pratiques se perpétuent sur plusieurs générations.
Au Rwanda, notre projet Récasé, réalisé avec nos deux partenaires Duhamic-Adri et Adenya a pris de l’ampleur en 2021. Les paysans formateurs membres des groupements sont aujourd’hui plus nombreux, et se spécialisent sur de nouvelles thématiques : hygiène et nutrition, alphabétisation, agroécologie… En créant du lien entre les paysans du groupement, ils facilitent la transmission de compétences au sein des familles paysannes. Séraphine Mukanyamwasa est paysanne formatrice, elle témoigne : « Cela crée de la solidarité avec les autres paysans. Ils viennent dans mon potager, je leur montre comment j’ai fait. Je fais ça pour le bien des autres, nous créons de l’unité, de l’entraide. Et cela n’a pas de prix. »
Les savoirs se multiplient et les actions collectives s’organisent et se diffusent, rien de tel pour dessiner ensemble un horizon 2022 avec les populations au cœur du changement social !
L’équipe de l’Union des Groupements Paysans de Méckhé, dans la région du Cayor au Sénégal