[Sénégal] Il est fondamental de mobiliser la jeunesse paysanne

Penser aux jeunes, c’est penser à l’avenir : une préoccupation partagée par l’ensemble de l’UGPM. L’Union des Groupements Paysans de Meckhé, notre partenaire au Sénégal met un point d’honneur à mettre les jeunes ruraux dans les meilleures dispositions pour pouvoir se construire un futur stable dans la région de Thiès. En 2021, l’UGPM inaugurait son Collège des jeunes, dont l’objectif est d’impliquer davantage les jeunes paysans et paysannes dans les prises de décisions des groupements et le développement de leur territoire.

« On doit recréer de l’espoir, c’est tout ce qui motive la mise en place du Collège des jeunes », explique Ndiakhate Fall, secrétaire général de l’UGPM. Parmi les 4 500 paysannes et paysans répartis dans les 76 groupements accompagnés par notre partenaire, 500 ont moins de 40 ans. L’intégration et l’implication de la jeunesse dans la vie d’un village et d’un groupement paysan est notablement freinée par les départs des jeunes à l’âge de 18 ans : beaucoup partent du village pour aller chercher du travail ou poursuivre leurs études à la ville. À leur retour au village, il est difficile de prendre part à une dynamique installée et alimentée par d’autres membres et voisins souvent bien plus âgés. Marie-Pierre Djékou, notre volontaire de solidarité internationale au Sénégal parle notamment d’une « pesanteur sociale », une hiérarchie et des rapports de dominations internes aux villages qui expliquent une sous-représentation de la jeunesse dans les instances de décision, dans les débats et les temps collectifs. Ndiakhate Fall admet par ailleurs que « les jeunes ont des besoins spécifiques, il faut qu’ils soient pris en considération pour une meilleure vie des groupements et de l’UGPM.  »

Dans le groupement de Killou, Malick Fall (à droite) et Nogaye Sen (à gauche de Malick)

Malik Fall a 32 ans et est membre du groupement de Killou. Professeur de science et vie de la terre à Ziguinchor, il a pour habitude de revenir au village à chaque vacances scolaires, et nous avait confié son inquiétude face à l’exode rurale. Selon lui, «  les jeunes ont besoin d’une formation ainsi que d’une aide financière pour dérouler leur projet correctement, on ne peut pas se réveiller un beau jour et se dire qu’on va faire ça alors qu’on ne sait pas comment faire. » Là est tout l’objectif du Collège des jeunes de l’UGPM, comme l’explique Ndiakhate Fall : « Notre rôle est de voir quels moyens développer pour accompagner leur épanouissement dans la zone. On a besoin de ces jeunes, et les jeunes ont envie de rester au sein de leurs terroirs mais il leur faut des moyens. »

Comment répondre à cet enjeu de meilleure prise en compte des problématiques de la jeunesse dans la ruralité sénégalaise ? L’UGPM a souhaité répondre à cette question en organisant d’abord cinq temps de consultation réunissant au total une centaine de jeunes femmes et hommes : l’objectif était d’aboutir à un état des lieux concret de la situation de la jeunesse dans la région de Meckhé, et d’envisager collectivement des premières pistes de réponse aux problèmes posés. En octobre 2021, l’UGPM formalisait sa démarche par le biais d’une assemblée générale constituante de son Collège des jeunes, lequel réunit désormais 50 jeunes femmes et hommes.

Assemblée constituante du Collège des Jeunes à l’UGPM, 27 octobre 2021.

Dès lors, il s’est agi pour le Collège d’identifier et de hiérarchiser les terrains d’action sur lesquels il souhaitait s’engager. Nogaye Sen, sa présidente, explique : « La première problématique qu’on a identifiée, c’est l’exode rurale, les jeunes partent vers la ville, et si cela continue comme ça, le monde paysan sera déserté. On a voulu intégrer ces jeunes en leur donnant de quoi rester dans le village. » Pour cela, l’UGPM apporte un soutien financier à la mise en place d’activités socio-économiques et accompagne leur mise en œuvre grâce notamment à des formations adaptées.

Depuis octobre 2021, plusieurs actions ont déjà été mises en place par les membres du Collège, et les effets s’en font sentir, comme en témoigne Ndiakhate : « Aujourd’hui avec les différentes réunions, les concertations, on se rend compte qu’au-delà même d’avoir un gain direct pour le groupement comme le financement d’un projet, les jeunes disent qu’à travers le groupement, ils peuvent participer au développement de leur village, sans même en être membre permanent grâce aux réflexions et aux conseils que l’UGPM apporte.  » De petits changements qui entament une véritable transformation ! La prise en compte de la jeunesse dans le développement des groupements paysans est primordiale à l’assurance d’un meilleur avenir pour la ruralité sénégalaise.