Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Veni. Je travaille à Kormangala, au National Games Village Complex. Je suis employée de maison et je travaille dans cinq familles. Je vais au travail à 6 heures du matin et je termine à 12h30. Je me précipite à la maison, je finis toutes les tâches ménagères puis je retourne travailler à 15 heures pour faire la vaisselle dans 3 maisons pendant une heure. Je finis le travail à 16 heures.
C’est une très longue journée. Comment la gérez-vous ?
Je me réveille à 4h30 du matin. J’aimerais avoir une heure de libre mais je n’en ai pas. Je veux arrêter le travail du soir, mais mes employeurs ne me le permettent pas. Les maisons dans lesquelles je travaille sont toutes des maisons d’officiers de l’armée. Ils sont transférés tous les deux ans et demi à trois ans. C’est là que réside le problème. Nous ne pouvons pas revendiquer efficacement nos droits.
Comment décririez-vous vos conditions de travail ?
Nous avons demandé à nos employeurs un salaire décent et leur avons remis un papier avec nos revendications de salaire, de prime, de congé hebdomadaire, etc. Mais ils l’ont jeté comme s’ils ne savaient pas de quoi il s’agissait. Nous savons que nous le leur avons donné, mais ils prétendent qu’ils n’en ont pas eu connaissance, ont jeté le papier et l’ont ignoré. Nous leur avons dit clairement qu’ils doivent nous payer 1 000 roupies par mois pour chaque tâche que nous faisons.
Fedina ne vous donne pas d’instructions sur ce qu’il faut faire, mais travaille avec vous. D’après votre expérience, quelle est votre opinion sur cette façon de travailler ?
Comme nous ne sommes pas éduquées, les interactions avec Fedina sont inestimables. Quand ils nous parlent de nos droits et de la loi, c’est comme recevoir une éducation. J’apprécie également les échanges lors de nos réunions mensuelles.
Pensez-vous que travailler avec Fedina et le syndicat aidera à faire reconnaitre vos droits ?
Vous voyez, nous n’obtiendrons rien si nous y allons seules. Nous avons besoin de force. A dix, nous serons fortes. C’est l’union qui nous donne cette force. C’est pourquoi nous sommes capables d’agir. Vous savez ce qu’on dit dans notre quartier ? « Vous allez au syndicat parce que vous obtenez quelque chose ». C’est faux, nous faisons comprendre aux gens que nous n’adhérons pas au syndicat pour l’argent mais parce que nous voulons être fortes. Si un problème survient, nous ne pouvons pas y aller seules et demander, nous avons besoin de gens avec nous. C’est pourquoi je crois au syndicat et à l’action collective.
Avez-vous parlé du syndicat dans votre quartier, quelle est la réaction ?
J’en ai parlé dans mon quartier, mais la réponse n’est pas positive. Les gens disent qu’ils n’en tireront rien alors pourquoi devraient-ils perdre une heure de leur temps. Ceux qui ont compris viendront.