Inde, la seule façon d’avancer, c’est de s’organiser

Alors que la situation des travailleurs indiens est particulièrement critique, l’Inde dispose d’un arsenal juridique censé protéger les groupes marginalisés, comme des lois sur l’accès au travail, sur la violence domestique, sur l’accès à la terre ou encore sur le droit à l’éducation. Mais les blocages, notamment politiques, sont nombreux et rendent difficile l’application de ces lois, les dernières réformes publiques n’allant pas dans le sens d’une plus grande protection sociale. Fedina, avec l’appui de Frères des Hommes, tente de dépasser ces blocages.

Rendre autonomes les populations marginalisées

« Aujourd’hui, les travailleurs du secteur informel (90% des travailleurs en Inde) ne sont absolument pas protégés, mais ils contribuent approximativement à 62 % du revenu national. La seule façon d’avancer, c’est qu’ils s’organisent afin d’améliorer leur salaire et leurs droits fondamentaux au travail » commente Sebastian Devaraj, coordinateur au sein de Fedina. Et c’est là tout l’objectif de son organisation dans laquelle il s’implique depuis plus de 9 années. Celle-ci agit sous forme de réseau, autour de 19 groupements dans 5 états fédéraux du sud de l’Inde.
A Bangalore se trouve la « Central team » composée par les salariés permanents qui sont les coordinateurs de ce réseau. Chacun de ces coordinateurs est affecté à différents groupements et leur rend visite à minima une fois par mois. Pour Duarte Barreto, directeur de Fedina, l’organisation des populations marginalisées est la clef : « C’est en renforçant leurs capacités qu’elles pourront être autonomes dans leur développement. Pour cela, on leur apprend à se battre par elles-mêmes pour leurs droits. »

Les femmes sont particulièrement exposées

Le travail de Fedina se révèle essentiel, comme en atteste l’histoire de Rukmini, travailleuse dans la ville de Bidar (état du Karnataka) : « Si nous tombons malades, dit-elle, nous devons demander un prêt à notre entourage et aller à l’hôpital. Ensuite si l’on s’absente du travail quelques jours, le patron peut nous dire de ne plus venir, il aura déjà embauché quelqu’un d’autre. »Des animateurs de Fedina sont allés à la rencontre de cette femme et de ses collègues pour les encourager à s’organiser en syndicat. « Cela fait 4 ou 5 ans que nous nous battons, disent-ils, et nous avons finalement obtenu des “licences de travailleuses des marchés” qui couvrent les frais lors d’accidents. »

Parmi la population que soutient l’organisation, les femmes sont ainsi particulièrement exposées à différents types de violence, sur leurs lieux de travail ou au sein même de leurs foyers. En 2005 l’Acte de protection des femmes contre la violence domestique (PWDVA) est voté après des années de lutte. Cette loi qui leur donne une véritable reconnaissance juridique peine à être appliquée, notamment à cause du manque de connaissance de leurs droits. Le travail de Fedina a été (et est toujours) de les accompagner et les sensibiliser à leur application. Le soutien de Frères des Hommes dans la durée lui permet ainsi de poursuivre inlassablement ce travail d’accompagnement