L’agroécologie devient concrète

Augustin Roland, Nativita Jean, Joseph Jonsy, sont trois jeunes paysan(ne)s actuellement en cours de formation en agroécologie. Pour la 3e année de notre projet en Haïti, ils nous expliquent en quoi consiste cette formation, au centre de l’action menée avec le mouvement paysan Papaye (MPP).

Une journée de formation, cela ressemble à quoi ? Roland répond : « on fait la pratique le matin, la théorie l’après-midi. À chaque thème vu pendant la formation, on fait de la pratique, par exemple, le cerclage (c’est à-dire l’entretien manuel de la terre). L’agroécologie est un mot dont on entend parler depuis l’école mais ça n’allait pas plus loin.  » Ce « mot » devient bien concret, surtout lorsque les trois apprentis agronomes rentrent chez eux : « Quand on revient des journées de formation, disent-ils, on revient toujours avec quelque chose de nouveau, on donne des conseils aux autres paysans pour qu’ils produisent autrement. le plus important c’est la transmission de la connaissance.  »

Solidarité paysanne

Les temps de formation en agroécologie sont primordiaux pour le renforcement de la solidarité entre paysans. Pendant 6 mois, une trentaine de paysans vit ensemble 15 jours par mois. Joseph Jonsy le confirme : « on se revoit tous les jours avec les paysans qui sont avec nous à la formation. Et quand on ne se voit pas, on se parle au téléphone. Il y a des liens qui se sont créés entre nous. » et ceux qui ont fini leur formation (deux promotions ont été formées depuis le début du projet) ont comme mission de former des « brigades agro-sylvicoles » à leur retour sur leur terre. Une dizaine de paysans mettent en place une brigade, ils préparent ensemble les sols de chacun, entretiennent les parcelles. C’est un travail collectif qui crée du lien entre eux. L’essentiel pour Augustin Roland, Nativita Jean et Joseph Jonsy, c’est de pouvoir rester en Haïti, une volonté que décrit Joseph Jonsy : « Je n’ai aucune intention de quitter le pays, quelle que soit la situation. J’espère que ça va changer, je suis né là et je dois rester pour que la situation s’améliore. » et peu à peu, c’est toute l’image du paysan qui change aux yeux des Haïtiens : « Dans le passé, le mot paysan c’était comme une injure. maintenant c’est différent, beaucoup de gens pensent que ce sont les paysans qui tiennent le pays, qu’ils le nourrissent. »


De gauche à droite : Augustin Roland, Nativita Jean et Joseph Jonsy

Un horizon commun

La méthode pour l’« analyse du changement social », permet d’observer l’évolution dans la vie des populations participant à un projet. En Haïti, Sarah Hopsort,volontaire de Frères des Hommes auprès du MPP intervient notamment dans la mise en place de cette méthode. « Elle donne, dit Sarah, les outils pour mesurer le changement par rapport à ce que les acteurs du projet (paysans, animateurs, agronomes, coordinateurs) souhaitent obtenir dans leur travail, dans leur vie. il y a un horizon commun. »