[Inde] Accompagner la prise de conscience des femmes : le terreau de l’émancipation

Nous nous sommes entretenus avec Claire qui partira dans quelques semaines rejoindre les équipes de Fedina et travailler avec elles à l’élaboration de plans de formation à destination des collectifs de travailleuses. Elle explique : « Dans le cadre du projet, la stratégie de formation va être de démultiplier auprès d’au moins 25 groupes de femmes des modules que Fedina a déjà commencé à tester, donc il y a un enjeu de former d’autres personnes à l’animation de ces formations. »

Accompagner la démultiplication de formations émancipatrices reste donc l’objectif principal de cette future mission en Inde. « Il va s’agir d’une démultiplication mais pas d’une uniformisation. Fedina a pensé cette stratégie de formation pour s’adapter à tous les collectifs, qu’ils existent depuis longtemps ou non, qu’ils aient déjà bénéficié de formations ou non » explique Claire. Ainsi, aucune des sessions ne pourra être la même d’un groupe à l’autre : « Certaines animatrices vont travailler avec des secteurs d’activités différents, d’autres avec un seul, ça dépend des groupes qu’elles accompagnent déjà. Par contre, en termes d’approches, on veut toujours de partir de l’expérience des femmes elles-mêmes pour ensuite en faire quelque chose qui transforme leur rapport au sujet.  »

Tous les sujets qui seront abordés durant les sessions de formation de ces deux prochaines années visent à un objectif unique : donner des clés de lecture, de compréhension et d’action aux femmes travailleuses du secteur informel pour qu’elles revendiquent tant collectivement qu’individuellement les droits qui sont les leurs. Parmi les thématiques abordées on retrouve par exemple l’histoire des femmes réformistes en Inde, les impacts du patriarcat sur les comportements sociaux des femmes, le système des castes, la capacité d’empathie comme ressort de mobilisation collective, ou encore les réformes du code du travail qui ouvre la voie à des remises en question du système légal dans lequel elles évoluent en tant que travailleuses informelles. Claire commente la diversité des sujets traités en ces termes : « L’objectif général est de développer l’empowerment des femmes dans différentes sphères de leur vie : à la fois leur vie personnelle, au travail, dans la famille, et aussi dans le rapport à leur corps, à leur sexualité… On va travailler avec l’équipe de Fedina sur une cohérence d’ensemble qui permettra aux femmes formées d’utiliser ces réflexions, ces nouvelles compétences et connaissances pour renforcer leur pouvoir d’agir individuel et collectif  » Elle soulève par ailleurs la nécessité de s’adapter aux contraintes des femmes qui participeront à ces formations : « Ce sont des petits modules d’une heure pour s’adapter aux disponibilités des femmes qui doivent cumuler leur emplois et leurs tâches domestiques. »

La démultiplication de ces différentes formations commencera progressivement dès le mois d’avril prochain, en parallèle d’autres activités prévues dans le cadre de notre projet. Les différentes sessions animées par les animatrices que Claire et l’équipe de Fedina renforceront à Bangalore seront suivies par notre pôle Form’action. Cette dynamique lancée ouvre la porte de nouvelles mobilisation et revendications portées par les femmes du secteur informel : c’est tout l’objectif de notre projet !