Pouvez-vous vous présenter, d’où venez-vous ? Quel est votre métier ?
Je suis de ce quartier, Mylur. Je suis employée de maison, je travaille dans 10 à 12 maisons. Mes employés me donnent un salaire très bas, à peu près 500 roupies (5 €) pour nettoyer une maison.
S’occuper de 10 maisons doit représenter beaucoup de travail, non ?
C’est beaucoup effectivement, mais c’est mon métier, je dois le faire. J’ai des enfants et je dois m’en occuper, mon mari est mort.
Combien d’heures travaillez-vous en moyenne dans une maison ?
Entre 1h et 45 mns dans chaque maison.
Quel est le métier de vos employeurs ?
C’est quelque chose qui ne m’intéresse pas. Je ne peux pas leur demander ce genre de choses. D’après ce que je vois, ce sont plutôt des gens qui travaillent dans des banques ou pour l’Etat.
Comment se comportent-ils avec vous ?
Ils me payent peu et si je demande une augmentation, ils me demandent de partir. Et beaucoup d’autres femmes sont prêtes à travailler pour moins que mon salaire. Avant on me donnait aussi un peu de quoi manger et du thé mais maintenant ils ne me donnent plus que mon salaire. Ils nous font travailler dur mais ne veulent pas nous payer. Si je manque une journée, le travail s’accumule.
Ont-ils changé de comportement depuis que vous avez rejoint le syndicat ?
Oui, certains ont changé. J’ai même eu droit à 3 ou 4 jours de congés par mois, ce que je n’avais pas eu avant. Certains ont augmenté mon salaire, mais pas tous. Ils vivent dans des maisons confortables, mais nous nous travaillons sous le soleil, parfois sous la pluie, jamais ils ne pensent à nous inviter à nous abriter. En nous faisant travailler, ils en veulent pour leur argent.
Que pensez-vous de votre employeur ?
Rien. C’est mon travail. J’en ai besoin pour gagner ma vie. De nos jours, tout a un prix, c’est comme cela que fonctionne le monde. Il faut que je travaille. Je travaille comme employée de maison depuis 40 ans.
Pourquoi avoir rejoint Fedina dans ce cas ?
Il faut que les choses changent. Fedina nous apporte des choses, ils nous montrent une manière de faire. C’est avec leur accompagnement que nous nous forgeons un futur. Ils nous ont montré que nous étions humains. Jamais nous n’avions de jour de congés avant. Fedina est venu nous trouver, nous avons alors commencé à nous mobiliser pour demander un jour de congé. Ce n’est arrivé que lorsque nous avons rejoint le syndicat.
Comment voyez-vous l’action collective ?
Rien n’arrive si on agit de manière individuelle. En tant que collectif, on apprend des autres. Et c’est seulement quand on agit en tant que collectif que nous sommes pris au sérieux. Le collectif vous donne du courage et du soutien. C’est pour cela qu’il est très important.
Pouvez-vous donner un exemple d’une mobilisation collective importante cette année ?
Récemment, il y a eu une mobilisation devant le bureau du gouverneur de l’Etat pour obtenir un jour de congé. Nous avons mobilisé tous nos membres et leur avons expliqué que nous n’avons pas de jour de congé alors que c’est notre droit. Ils ont tous été d’accord. On a porté nos revendications, en leur disant (aux autorités publiques) que si eux avaient doit à un jour de congé alors nous aussi.