Garantir l’autosuffisance alimentaire

S’adapter à la réalité des paysans, c’est-à-dire faire beaucoup avec de très petites parcelles de terre : le défi était à la mesure de l’ambition des partenaires de Frères des Hommes, Duhamic-Adri et Adenya.

Créer du lien

Pour eux, la solution résidait dans la formation des paysans : une première formation pour leur apprendre à s’occuper du mieux possible de leur élevage et de leur terre et une seconde pour faire face aux graves problèmes de malnutrition. Faustin Burindwi est paysan dans le secteur de Nyagisozi (près de la frontière avec le Burundi) : « Je voulais avoir des connaissances sur l’agriculture. Je cultivais d’une façon vague, sans suivre de méthodes. »Pour les paysans, savoir s’occuper de son élevage a eu une utilité immédiate avec le petit élevage qui leur a été distribué par l’équipe du projet.

C’est ce qui a apporté le changement le plus rapide grâce à la vente qu’ont permis les portées. Un groupe de paysans rencontré dans la zone de Kigoma (à 45 mns de la ville de Butaré, dans le sud du pays) : « Au niveau de la famille, la vente des animaux a permis de payer la scolarité des enfants. Ça a facilité pour certains l’acquisition d’une vache. »Mais le but était aussi de développer une forme de solidarité entre familles paysannes se trouvant dans des situations comparables grâce à la redistribution d’une partie des porcelets et lapereaux à des voisins.

Mieux se nourrir

Mieux se nourrir est aussi une question primordiale dans cette partie du Rwanda où les problèmes de malnutrition sont nombreux. Bertilde Baginrinka, de Nyagisozi, a participé à la formation en nutrition : « Le grand changement, c’est comment on se prépare à manger. Maintenant on se demande si on a les trois types d’aliments : le protecteur, le constructeur et l’énergétique.

Tout est complémentaire, d’abord on apprend à cultiver et ensuite on choisit l’aliment qu’il faut. »Et la technique ne se limite pas à celui qui l’a apprise, elle se transmet : « Par exemple, le porc ne doit pas errer çà et là, beaucoup de villageois autour de nous ont adopté la même technique, ça permet de limiter les maladies »dit Mukaruawiza Edissa, une autre participante. Autre effet attendu des formations : la solidarité entre paysans se renforce ! « La communauté s’est développée. L’esprit de solidarité s’est créé », confirme Bertilde Baginrinka, « pendant les travaux communautaires, les paysans se parlent entre eux, se reconnaissent et échangent. »

« Top Chef » sur les collines

Pour décupler ces échanges, nos partenaires rwandais ont eu l’idée d’organiser des « concours culinaires » : « Chacun arrive avec un ingrédient, puis le prépare sur place, chaque type d’aliment a une utilité. Ce sont entre 800 et 1 000 personnes (paysans, représentants officiels, membres du projet) qui assistent à ces concours culinaires, 50 femmes préparent la cuisine », explique ancilde Uamposo, agricultrice du secteur de Nyagisozi. Ces concours « ont facilité la connaissance d’une alimentation équilibrée, on nous a montré des exemples, ça nous a changés, on connaît les trois piliers de l’alimentation. »