La protection de l’environnement est de plus en plus présente dans nos projets de changement social, qui visent à réduire la pauvreté et les injustices. Loin d’être une décision arbitraire, elle est le fruit de la prise de conscience des femmes et des hommes qui s’y impliquent. Pour les populations en situations de grandes vulnérabilités avec lesquelles nous travaillons, quand on habite, vit et travaille en milieu rural, améliorer ses conditions de vie, c’est aussi améliorer la préservation des ressources naturelles. C’est notamment l’objet de nos projets d’agroécologie : apprendre à respecter la terre pour qu’elle soit nourricière.
Toutes ces personnes, familles paysannes, animateurs ruraux, formateurs en agroécologie, responsable de groupement villageois s’engagent au-delà de la nécessité de changer leurs conditions de vie. Elles œuvrent à la préservation des ressources naturelles, notre bien commun.
L’agroécologie, la protection de l’environnement, ne sont pas des domaines réservés aux experts scientifiques ou utopistes de nos pays « occidentaux ». Les personnes les plus exposées à la dégradation des milieux naturels peuvent aussi être acteurs majeurs de la transition de nos sociétés. Pour peu qu’on leur en donne les moyens. En premier : ne pas les considérer comme de simples « bénéficiaires » de notre soutien, tributaires de notre propre vision mais bien comme acteurs de changement. Voilà une condition permettant dans nos projets une formidable addition de compétences et savoir-faire.
« Respect » est le mot clé pour nous mettre en lien, nous sentir alliés avec les populations en situations de vulnérabilités. Et ici se conjugue notre volonté commune de ne pas reproduire ni rapports de domination entre individus, ni comportements de « prédation » vis-à-vis des ressources naturelles et de l’environnement. Respecter autant les humains que la nature, nous rejoignons là le « Buen vivir » cher à nos amis andins !
Partout, en Inde, au Pérou, en Haïti, en RDC, au Rwanda, au Sénégal se mettent en place des dynamiques collectives ; ou comment se regrouper permet de sortir de sa situation de vulnérabilité tout en protégeant la terre nourricière. C’est bien concrètement que se construit le vivre ensemble où l’on respecte chacun, chacune tout autant que l’environnement.
Yves Altazin, directeur de Frères des Hommes