[Rwanda] Les bénéfices de la démultiplication

Dans le courant du mois de septembre 2022, une étude d’impact a été menée par des consultants mobilisés par le projet Récasé, que nous menons de concert avec les organisations Duhamic-ADRI et Adenya depuis 2017. Cette étude a permis de dresser un tableau précis des effets du projet sur les populations paysannes vulnérables impliquées.

Gagner en pouvoir d’agir grâce au collectif

L’un des piliers du projet Récasé réside dans l’organisation collective des populations paysannes vulnérables. En mettant en place des groupements économiques de proximité (GEP), et en s’appuyant sur les organisations communautaires de base (OCB) préexistantes, nos partenaires au Rwanda valorisent l’action collective et les échanges entre pairs. En devenant membres d’un de ces groupements paysans, les personnes vulnérables ne sont plus isolées et peuvent partager leurs expériences et leurs difficultés avec leurs pairs.

L’une des membres du GEP de Rusenge témoigne en ce sens : « J’étais seule, , j’avais honte, je n’osais parler à personne. Aujourd’hui, je n’ai plus peur, je vais vers les autres. On m’appelle Nyinya, “celle qui sourit”. »

Au sein des groupements paysans, chaque membre est invité à partager son expérience, son vécu, et à échanger avec ses pairs. Cette posture active permet aux familles paysannes de se rendre actrices de leur propre quotidien, cela joue un rôle crucial dans le gain d’estime et de confiance en soi. De plus, grâce aux différentes formations dispensées au sein des groupements en techniques d’élevage, maraîchage ou encore en hygiène et nutrition, les membres des GEP sont souvent devenus des personnes référentes et considérées par la communauté comme exemplaires en matière de bonnes pratiques d’élevage et de maraîchage.

La démultiplication des savoirs et des formations est bien au cœur de notre projet Récasé ! L’analyse d’impact mentionne d’ailleurs ceci en ces termes : « Non seulement les membres des GEP ont acquis de nouveaux savoirs, savoir-faire et savoir-être avec les autres, mais nombre d’entre eux ont aussi acquis la capacité à transmettre leurs nouvelles compétences à leurs voisins ou, dans le cas des personnes devenues paysan.ne.s formateur.rice.s, à les transmettre à d’autres groupes de pairs. […] Une part significative des personnes que nous avons rencontrées rapporte que la participation aux GEP a transformé l’image qu’elles avaient d’elles-mêmes. Alors qu’elles n’osaient pas aller vers les autres du fait de leur condition, elles sont devenues aujourd’hui sociables, estimées par leur voisinage qui leur demande des conseils, et considérées comme des références par les autorités locales.  »

Des initiatives « utiles à la communauté »

Les groupements paysans travaillent collectivement sur de nombreux sujets, en concertation avec d’autres acteurs locaux. Parmi les thématiques traitées, on retrouve par exemple l’amélioration des conditions de vie dans la communauté, la lutte contre la malnutrition, l’acquisition de compétences nouvelles par les familles paysannes… Les activités mises en place bénéficient à toute la localité, que l’on soit membre ou non des groupements paysans. Penina Habanimfura, membre de la cellule (ndlr : équivalent d’une commune) de Kabacuzi témoigne en ce sens : « Ils [les membres des groupements] sont des modèles pour nous car nous avons envie de les imiter, de travailler comme eux  »
En travaillant de concert avec d’autres acteurs locaux, les groupements paysans accompagnés par le projet Récasé tissent de nouvelles relations et gagnent en visibilité et en crédit aux yeux de tous. Ce gain de confiance en soi se répercute individuellement chez les membres des groupements, comme en témoigne l’une des membres du GEP de Rusenge : « Aujourd’hui je suis considérée par tout le monde, je n’ai plus peur d’aller voir les autorités locales et de formuler des demandes. Je me sens plus libre ».

L’analyse menée pendant ce mois de septembre assoit le bon fonctionnement de notre projet Récasé avec Duhamic-ADRI et Adenya, de quoi nous conforter dans l’idée que c’est bien par la structuration et l’appui aux collectifs et par la formation que des améliorations concrètes des conditions de vie des populations paysannes peuvent voir le jour !