Rwanda, « tout est participatif »

Jasson Harerimana est animateur, formateur, accompagnateur, coordinateur dans le projet Récasé, dont la "saison 2" a débuté en 2020. Il nous a parlé de son rôle, du cadre très participatif du projet et des « paysans formateurs » qui une fois formés transmettent leur savoir à leur pairs.

Quelles sont vos responsabilités dans ce projet Récasé ?

Je suis animateur et l’accompagnateur des paysans qui participent au projet. Je renforce leurs collectifs en termes de gouvernance, de redevabilité et de structuration, dans trois secteurs : Cyahinda, Nyagisozi, et Rusenge. J’organise les formations et je participe donc à la conception des outils pour celles-ci. Je fais en plus le suivi des activités du projet sur le terrain en collaboration avec les animateurs dits « de proximité » (qui habitent avec les paysans) et les collectifs paysans que nous appelons les organisations communautaires de base (OCB). Tout est participatif, au sens où dans toutes les activités que nous mettons en place, les paysans interviennent, proposent. La préparation, la réalisation, le suivi, tout est fait avec les paysans.

Le projet prévoit la mise en place des formations en alphabétisation. Comment ont-elles été pensées ?

Nous avons débuté par un diagnostic socio-économique des collectifs paysans qui allaient être impliqués dans le projet. Nous avons constaté que plus de 40% de ces paysans étaient analphabètes. Il a été donc prévu pour cette deuxième phase du projet Récasé de mettre en place des formations en alphabétisation en kynyarwanda. Nous aimerions que les paysans soient plus autonomes, qu’ils puissent générer plus de revenus en sachant lire, écrire, et agir au niveau de leurs collectifs et de leur environnement.

Combien de paysans vont suivre ces formations ?
Entre 520 et 540.

Comment ont été sélectionnés les paysans-formateurs qui seront formés en alphabétisation et en agroécologie ?

Ce sont des personnes avec un esprit volontaire, intégrées dans leurs communautés, et qui ont les capacités pour transmettre un message à leurs collègues paysans. Pour ceux qui suivent la formation en agro-écologie, les critères sont les mêmes : niveau de lecture et d’écriture suffisant, expérience dans l’animation de groupes, intégrité, volontariat. Nous nous sommes basés sur notre expérience de la 1ère phase du projet Récasé avec les paysans-formateurs déjà accompagnés.

Comment se déroulent les formations ? Combien de temps durent-elles ?

Elles durent 18 mois, avec deux tranches de 9 mois chacune. Elles ont lieu deux fois par semaine, deux heures par jour. On s’adapte à la disponibilité des paysans, à leur travail dans les champs.

De quoi sont composées les formations ?

Nous sommes en train d’affiner les modules, le but est qu’ils apprennent les éléments nécessaires pour savoir lire, écrire et compter. C’est une alphabétisation disons fonctionnelle, qui se base sur leur quotidien, sur leurs activités, sur leur manière de s’organiser.

Qu’attendez-vous des de ces paysans une fois formés ?

Qu’ils transmettent ce qu’ils ont appris à leurs pairs. Ils sont formés par l’équipe du projet et à leur tour ils forment les autres paysans autour d’eux. C’est le même but recherché dans l’alphabétisation, qu’ils forment les autres paysans afin que ceux-ci soient capables de lire, écrire et compter.