Rwanda, les collectifs paysans : la solidarité pour s’émanciper

En mars 2018, nous vous présentions notre nouveau projet "Recase" au Rwanda. Aujourd’hui, nous revenons sur le travail accompli durant ces 18 mois premiers mois, pour découvrir les activités prévues dans la 2e partie du projet.

Le projet « Recase » (pour REnforcement des CApacités Socio-Economiques) est mené par Frères des Hommes et ses 2 partenaires rwandais : Duhamic-Adri, association pour le développement rural intégré et Adenya, association pour le développement de Nyabimata. La première partie du projet s’est ainsi déroulée dans la campagne rwandaise sur 2 niveaux : d’un côté les familles paysannes, de l’autre, des collectifs plus ou moins organisés, plus ou moins informels, appelés Organisations Communautaires de Base (OCB).

Comme pour nos partenaires au Pérou, en Haïti, au Sénégal, en Inde ou en RDC, Adenya et Duhamic-Adri font du collectif l’étape indispensable pour l’émancipation individuelle. C’est dans ce cadre que sont formées les paysans en situations de vulnérabilités, d’abord à un niveau technique : 1 100 familles ont été formées aux techniques d’agroécologie et d’élevage sur des petites surfaces. Semences et petit bétail ont été distribués à chaque famille pour démarrer leurs activités. Ensuite à un niveau social et politique. In fine le but est de construire un groupe qui permette l’interpellation, l’action collective et solidaire. Les familles paysannes se sont rassemblées pour initier des activités solidaires tels des jardins potagers. Les animateurs ont mené une étude approfondie sur les groupements pour identifier leurs forces et faiblesses et construire avec Frères des Hommes des formations adaptées.

Les Organisations Communautaires de Base : grands enjeux de cette 2e phase

"Tout d’abord, dit Juvénal Turahirwa, le coordinateur d’Adenya, nous avons mené fin 2017 une grande enquête socio-économique de terrain auprès de plus de 1000 familles paysannes. Cette étude était nécessaire pour connaître les bénéficiaires directs du projet, savoir d’où l’on partait, et donc permettre aux animateurs de connaître les familles, les activités agricoles à développer, le bétail à élever, etc. Et aussi pour qu’à la fin du projet, nous soyons capables d’évaluer l’état d’avancée de la situation." Suite à ce diagnostic, un gros travail a été fait autour de la « bonne gouvernance » dont la démocratie participative au sein des 64 OCB du projet. L’objectif est que chaque membre puisse comprendre le fonctionnement d’une démocratie participative, être un acteur de développement local et se transformer en porte-parole des paysans. ils sont notamment en interaction avec les autorités locales pour mener conjointement des actions en rapport avec l’agriculture et la nutrition.

Journées d’échange et parlements vituels

Des journées d’échanges vont être organisées pour réunir paysans, personnel des centres de santé, écoles et autorités locales. Cela permettra également aux paysans et aux acteurs locaux de réaliser une quinzaine d’initiatives pour répondre précisément aux besoins des familles paysannes et de leurs communautés (potager collectif, sensibilisation à une nutrition saine...). La démocratie participative sera présente "grandeur nature". Des mises en situation seront en effet proposées à 120 paysans à travers des parlements virtuels. il s’agit d’espaces de concertation avec les autorités et les acteurs locaux. Cela permettra aux paysans qui sous-estimaient leur implication dans la société, d’oser exprimer leurs idées, de reprendre confiance en eux… Un travail est également fait avec les autorités pour les sensibiliser à mieux considérer ces paysans. L’objectif est de permettre aux autorités de mieux connaître ce milieu et ainsi adapter leurs politiques locales.