Quelles évolutions de l’association as-tu constatées depuis 2005 ?
J’ai connu Frères des Hommes dès 2002 en tant que stagiaire. Aujourd’hui je constate que la façon de travailler avec les organisations partenaires, la façon dont les partenaires travaillent entre eux et la façon dont l’association travaille en interne a beaucoup évolué. De façon globale, je dirais qu’il y a eu une grosse étape d’évolution autour des 50 ans de l’association, en 2015, avec la mise en place d’un travail sur le projet politique. Ça a été l’occasion de se demander : après 50 ans, qui est Frères des Hommes, où on a envie d’aller et comment on a envie d’y aller ? Ça a permis de clarifier notre positionnement et nos méthodes d’action.
Une deuxième chose que j’ai en tête, c’est le lien avec la jeunesse, notamment avec le programme « Hémisphères ». Ça correspondait à une volonté forte d’ouverture à un public nouveau, notamment avec une logique européenne qui permettait de réfléchir sur des problématiques non seulement à l’échelle internationale, mais aussi européenne. Et ce positionnement s’est poursuivi avec le dispositif de la Pépinière de la solidarité Internationale et le renforcement de la « co-construction » entre Frères des Hommes et ses partenaires. On retrouve aussi cette logique avec le Collectif Former pour Transformer. Sa création en 2018 a marqué une grande évolution dans l’Histoire de l’association avec la volonté d’animation d’un réseau pour créer davantage de liens et de collaborations entre les organisations partenaires elles-mêmes et aussi avec Frères des Hommes.
Et si je pense à la collecte plus spécifiquement, il y a aussi eu une évolution dans la vision de la place et du rôle des donateurs et donatrices. Progressivement, ils ont été considérés comme un des piliers de l’organisation de par leur réel engagement à nos côtés, et pas seulement comme une aide financière .
En résumé je dirais que le fil rouge c’est vraiment cette volonté de s’ouvrir, de repenser ses pratiques et de faire avec.
Peux-tu me dire pourquoi tu as voulu passer le cap de l’adhésion ?
L’adhésion c’est une façon de continuer à soutenir l’association. Et c’était aussi intéressant de suivre ce que faisait la structure avec un autre regard que celui de salariée ou donatrice [Bénédicte est aussi donatrice de l’association]. Car en étant adhérente, j’ai l’opportunité d’assister à l’assemblée générale, de pouvoir voter et d’avoir un rôle stratégique dans l’association. Et si j’ai passé 15 ans à travailler pour Frères des Hommes, c’est parce-que je crois vraiment en ce que fait cette organisation. Donc c’était pour poursuivre mon engagement, mais différemment. Et puis ça m’a aussi permis d’être ponctuellement bénévole lors d’événements, comme la course de l’UTMB par exemple.
© Frères des Hommes, UTMB 2023
Tu es également membre du conseil d’administration : qu’est-ce que ce rôle représente pour toi ?
Ce choix était plutôt le résultat d’une réflexion : « j’aimerais bien faire du bénévolat ». En tant qu’ancienne salariée et adhérente, je savais que le « faire ensemble » était très présent et c’est quelque chose qui me tient à cœur et je savais que j’allais le retrouver si je m’engageais bénévolement. C’est ça qui m’a animée et m’a donné envie de continuer l’aventure avec Frères des Hommes différemment. Puis la proposition de rejoindre le conseil d’administration s’est faite. Je trouvais ça super, car je ne travaille plus dans l’association depuis plusieurs années et je peux donc avoir un regard à la fois proche et aujourd’hui plus distancié sur les différents enjeux à relever. Et ça me permet de voir comment est organisé le conseil d’administration (CA), quel rôle jouent les administrateurs, quelles passerelles existent avec les salariés etc. Je suis encore en phase de découverte du rôle car c’est assez récent, mais par exemple j’ai adoré le weekend passé avec les autres membres du conseil d’administration et l’équipe salariée. Ça nous permet de partager nos défis et aussi nos joies !
© Frères des Hommes, weekend stratégique avec l’équipe salariée et le conseil administratif
Pour toi, être engagée, veut dire quoi ?
Je pense que l’engagement est multiple car il peut se traduire par différentes formes d’actions qui vont dépendre de pleins de facteurs. Il peut être ponctuel comme très long. C’est quelque chose qui va dans les deux sens : tu contribues à la mesure de tes envies et possibilités, et en même temps ça te nourrit. C’est hyper enrichissant. Être engagé, c’est mettre son énergie pour contribuer à faire vivre une cause au sens très large. Pour moi, l’engagement c’est une combinaison entre « énergie, optimisme & collectif ». Ce combo occupe une place importante dans ma vision de l’engagement. Ça fait plus de 20 ans que je travaille dans l’associatif, et ce qui me donne envie de continuer à m’engager dans de telles structures, c’est le fait « de contribuer à’ » promouvoir la solidarité ! Les associations montrent qu’une autre société est possible, qu’on peut ne peut pas vivre dans le repli sur soi et dans le rejet. C’est important de prendre soin des autres, de se battre pour protéger l’environnement, d’aller à contre-courant des inégalités et de ne pas être passif par rapport à ce qui se passe. Ce qui me plait dans le militantisme, c’est que chacun et chacune contribue à créer ce maillon solidaire collectif. Ça permet de garder cet optimisme et de continuer à y croire.
Merci à Bénédicte pour son engagement avec Frères des Hommes. Que vous soyez donateur, administrateur, adhérent, bénévole, partenaire, salarié, volontaire ou sympathisant de l’association, c’est vous qui êtes les visages de notre militantisme. Merci de faire rayonner la solidarité !