« Tout le monde y trouve un intérêt »

Dès l’élaboration du parcours de formation des maîtres artisans, les autorités publiques (chambres de commerce, chambres des métiers ou centres de formation) sont impliquées dans le projet. « Tout le monde y trouve un intérêt » comme dit Simon Thiandoum, un des animateurs de la Kora-PRD.

Du côté de Thiès, Sow Ndeye Binta Ndiaye, membre de la chambre de commerce de la ville, explique : « Le projet parle clairement de formation et insertion des jeunes dans l’artisanat, c’est aussi une préoccupation des gouvernants, ça a attiré notre attention. On a vu que le projet allait impliquer les acteurs de l’insertion. C’était une valeur ajoutée pour nous. » Dans une ville où l’industrie repose surtout sur l’artisanat, avec près de 120 corps de métiers, la question de la formation et de l’insertion est primordiale : « L’artisanat est informel à 60% et peu d’ateliers se formalisent, c’est notre cheval de bataille », dit encore Sow Ndeye Binta Ndiaye.


Sow Ndeye Binta Ndiaye, membre de la chambre de commerce de Thiès

« Beaucoup d’artisans ne nous connaissaient pas »

Dans son bureau à quelques centaines de mètres de là, Mamadou Diop, secrétaire général de la chambre des métiers de Thiès explique : « Beaucoup d’artisans ne nous connaissaient pas, il y a un problème de communication. Nous avons des difficultés à expliquer ce que nous faisons et ce que nous proposons. La démarche du projet est novatrice, car elle regroupe les institutionnels et les artisans. » Lui et Sow Ndeye Binta Ndiaye ont ainsi participé aux formations des maîtres artisans en tant qu’ingénieurs pédagogiques. Ils ont été membres des « comités d’experts » chargés de créer ces formations et de sélectionner les artisans susceptibles d’y participer. Ils ont aussi pris part aux réunions « pluriacteurs » au niveau régional et local. Tous ces espaces leur ont permis un meilleur accès au monde des artisans : « Pendant la formation, dit Mamadou Diop, je devais expliquer des concepts en wolof en partant du français, ce qui m’a obligé à me questionner et à expliquer de manière différente. Du côté des artisans, la formation leur a permis de se conscientiser sur le rôle qu’ils jouent au niveau social. »


Amadou Diop, secrétaire général de la chambre des métiers de Thiès

Abdou Rahmane Kane, l’adjoint au maire de la commune de Gounass, près de Dakar, lui aussi formateur, estime que « les rencontres entre acteurs sont des moments forts, on voit ce qui se fait dans les autres régions. Ce sont des moments d’échange, chacun vient avec des visions, avec des méthodologies et au final cela permet aux artisans d’avoir une vision commune sur la formation des apprentis ».