Sortir du quotidien pour mieux apprendre

Une préoccupation de Duhamic-Adri et d’Adenya, nos deux partenaires, était de former les paysans tout en créant un lien de solidarité entre eux. C’est l’objectif des « voyages d’études », apprendre en se confrontant ensemble à d’autres réalités, en allant à la rencontre d’autres paysans du Rwanda.

« C’était la première fois pour moi à Kigali depuis le génocide »

Départ en bus depuis Butaré, la ville principale du sud du pays, pour une étape à Kigali ; pour beaucoup, le voyage dans la capitale est une nouveauté ou est un lointain souvenir. « C’était la première fois pour moi depuis le génocide en 1994, d’autres paysans ne connaissaient pas du tout. Ça nous a fait du bien moralement de voir l’état de la ville », dit Bertilde Baginrinka.

A Kigali, la visite se fait dans une coopérative qui élève plusieurs espèces de petit bétail. L’objectif était de faire réaliser aux paysans qu’il est possible de cultiver plus que pour leur consommation quotidienne. Bertilde poursuit : « J’ai vu ce qui se passait avec d’autres éleveurs pendant ce voyage »au retour duquel elle a commencé à agrandir son élevage. Tout le long les vétérinaires du projet étaient là pour accompagner la trentaine de paysans, ce qui a permis de mieux expliquer les différentes techniques présentées.

« Je pouvais faire aussi bien, sinon mieux »

Après Kigali, départ pour Rulindo dans le nord du pays. Faustin Burindwi, un participant venu du secteur de Nyagisozi, près du Burundi, décrit l’expérience : « J’ai vu d’autres paysans comme moi élever des animaux. Au Nord ils ont bien appliqué les formations dans l’élevage de porcs. Des gens qui nous ressemblent osent des choses, nous aussi nous pouvons agir. » C’est cet effet miroir, d’identification, que ces courts séjours (3 jours) ont créé : les paysans ne sont pas seuls, d’autres sont dans la même situation et en appliquant ce qu’ils ont appris pendant les formations, ils ont changé leur situation. C’est le sentiment qu’a eu Bantegeye Vestine, du secteur de Kigoma « je dois changer de pratiques » s’est-il dit à son retour du nord du pays, « j’ai observé beaucoup de choses qui m’ont motivé à faire plus, il y avait cet élevage de porcs tenu par une vieille femme qui me faisait dire que je pouvais faire aussi bien, sinon mieux. On en a tiré des bonnes pratiques, comme protéger son animal contre les maladies. » A leur retour, les paysans parlent, échangent avec leur voisins. Ce qu’ils ont vu et appris se répand. C’est le cas pour Cancilde Uamposo : « Même si moi je n’ai pas participé, les personnes qui ont participé aux voyages transmettent leurs connaissances. Ils donnaient des témoignages sur des personnes qui avaient bien élevé leur élevage de porcs, on était curieux d’en savoir plus. »