Inde : défendre les droits des travailleurs

Donner aux plus vulnérables des conditions de travail décentes, faire respecter le droit du travail, s’organiser en syndicat : Fedina, notre partenaire intervient dans cinq États en Inde. Entretien avec Sebhi Davaraj, coordinateur.

Quelles sont les actions de votre réseau et de Fedina ?

Une des choses les plus importantes est l’organisation des ouvriers du secteur informel en petits groupes de syndicats, par secteur d’activité. Parce que c’est de cette manière qu’ils contribuent au développement économique.

Que voulez-vous dire ?

Les ouvriers participent à la croissance économique de la société, par le biais de leur travail, et c’est là qu’ils doivent s’organiser. Et c’est ici, aussi, que réside leur force. Alors, nous leur donnons la possibilité et la force de négocier l’accès à leurs droits fondamentaux. Les travailleurs du secteur informel ne sont absolument pas protégés, aujourd’hui, cependant, ils contribuent approximativement à environ 62 % du revenu national. 62 % provient du secteur informel, c’est beaucoup, alors qu’ils sont ceux qui sont les moins protégés, et ils ne bénéficient d’absolument d’aucun droits fondamentaux. Même leur droit de vivre est attaqué, ils n’ont pas accès aux soins, à l’éducation, au logement. La nourriture elle-même, son coût est trop onéreux et ils ne peuvent pas se payer de quoi se nourrir. Donc, la seule façon c’est de pouvoir les organiser afin d’améliorer leur salaire et leurs droits fondamentaux au travail.

Leurs droits fondamentaux au travail sont niés.

Ils travaillent pendant 14 heures, 15 heures, 12 heures, le jour, la nuit. Ils n’ont pas le temps d’avoir une vie sociale. Ils travaillent tout le temps, ils cherchent à joindre les deux bouts. Nous avons besoin de réguler tout cela. Donc nous essayons, à travers notre réseau de collectifs, de les faire s’asseoir ensemble et de leur faire comprendre que leur force se trouve là où ils contribuent à la société, c’est-à-dire par le biais de leur travail. Leur moyen de subsistance leur a été retiré : les populations tribales vivant à l’origine dans les forêts ont été déplacées ; ils n’ont pas de terre, les petits agriculteurs, les petits paysans, ne possèdent pas de biens économiques. Ils dépendent tous de leur salaire. Ceci est notre premier point d’action.

Pourquoi est-ce mieux de se battre en groupe plutôt que d’aider des personnes individuellement ?

Parce qu’en tant que groupe, tu es plus fort. Cette injustice presque systémique continue de créer le même type de profil de personne. Nous avons besoin de tacler cette injustice, nous pourrons faire en sorte que la société ne produise plus ces inégalités.

Il y a une différence entre organiser des groupes et créer des syndicats, pourquoi Fedina a fait de la syndicalisation une priorité ?

Comme je viens de le dire, tous les ouvriers qui travaillent dans des bidonvilles ou autre, sont tous des personnes qui contribuent au développement économique de la société, tous sont des ouvriers du secteur informel. On peut penser que leur travail n’est pas très précieux, mais il nourrit l’économie. Il y a une plus grande exploitation de ces ouvriers du fait qu’ils ne sont pas protégés. Même les grosses multinationales sont concernées. Ce sont elles qui tirent profit de cette situation. Par exemple, les ouvriers qui travaillent dans l’assainissement, qui font en sorte que la ville soit propre, ce sont des ouvriers bon marché qui ne bénéficient d’aucune protection, certains perçoivent, 1$, 2 $ par jour pour ce genre de travail. Nous pensons que de les syndiquer est très important, parce qu’ils ont droit à un salaire décent et à des conditions de travail décentes aussi, c’est lié à leur travail, et leur travail contribue à la société. La société leur doit un salaire et des conditions de travail décentes.

Tu penses donc que la syndicalisation est une priorité importante ?

Oui la syndicalisation c’est très important aujourd’hui. Car en Inde seulement 1 à 2 % des ouvriers sont syndiqués aujourd’hui. Aujourd’hui c’est devenu plus difficile de leur donner accès à leur droit, je pense que nous devons agir encore plus pour les défendre.