« C’est le collectif qui l’emporte »

Récemment choisie comme présidente de Frères des Hommes, Louise Nimier nous a expliqué son parcours, l’élection sans candidat et son sentiment d’adhésion très fort à l’association.

Quel est ton parcours et quand as-tu poussé les portes de Frères des Hommes ?
Je suis médecin de formation, j’ai travaillé dans des petites, moyennes et très grosses entreprises. J’y ai été cadre dirigeant et à la fin de ma carrière professionnelle, j’ai senti que ce que j’aimais le plus était de transmettre mon expertise, mon expérience et d’accompagner des personnes plus jeunes ou nouvelles en poste. Je suis devenu consultante, j’ai donné beaucoup de formations. Et à un moment j’ai voulu donner de mon temps aux autres sans avoir cet esprit « retour sur investissement ». J’ai eu envie de le faire pour des causes qui me parlent. J’ai trouvé Frères des Hommes en ligne et j’ai été très intéressée par un de ses principes : la co-construction. Je me suis inscrite à un temps de présentation de la Pépinière de la solidarité internationale qu’anime Frères des Hommes. Cela m’a encore plus confortée dans mon choix car le principe même de la Pépinière est d’accompagner un « Pépin » dans un projet de co-construction avec un partenaire à l’étranger. J’ai ensuite rencontré Eléonore Brenot, de l’équipe de Paris (qui est récemment devenue membre du conseil d’administration de Frères des Hommes). Nous avons discuté et j’ai intégré l’équipe pour devenir tutrice d’un futur Pépin. C’est allé très vite, et ça reflète assez bien la dynamique de Frères des Hommes puisque j’ai intégré l’équipe de Paris le 27 mars et le 11 avril j’animais mon premier temps de présentation de la Pépinière au nom de Frères des Hommes ! J’ai ensuite eu la chance d’accompagner un Pépin, Soraya, qui fait maintenant partie elle aussi du conseil d’administration de Frères des Hommes. Une association et un conseil d’administration qui ouvre ses portes à des gens qui n’ont pas forcément beaucoup d’expérience associative est très motivant.

Comment s’est passée ton élection qui s’est faite « sans candidat » ? Est-ce que tu peux nous expliquer cette manière de voter ?
En effet, personne ne présente sa candidature. Chacun des membres du conseil d’administration (CA) fait une proposition pour une personne, pour un poste donné, et présente ses arguments. Il y a donc un tour de table où on donne la parole à chacun. C’est une méthode très sérieuse, déjà éprouvée par ailleurs mais c’est une façon de faire qui doit être bien orchestrée. Il faut aussi que cette méthode soit bien comprise et partagée par les personnes qui votent. Cela demande de la transparence, de la confiance, personne n’est là pour juger du choix des autres. C’est assez puissant, à la fois individuel et collectif, fluide et respectueux. À la fin, un comptage est effectué et se dégage une majorité qui doit faire consensus,. La personne qui est désignée donne son accord ou non. Il n’y a pas de pression sur la personne choisie. Sur le moment, j’ai été un peu surprise qu’on me choisisse pour être Présidente si tôt dans mon parcours chez Frères des Hommes et passé un premier moment de maturation, au fur et à mesure du tour de table, j’ai accepté très volontiers.

Tu es administratrice de Frères des Hommes depuis 2019, vice–présidente depuis 2020, as-tu en tête des moments marquants/importants qui ont lieu pendant ces deux ans ?
Un fait marquant pour moi est mon entrée au CA. Cela s‘est passé pendant l’AG de 2019, où a été adopté le document d’orientation politique de Frères des Hommes. J’ai découvert la dimension de ce document, ainsi que le fonctionnement du secrétariat permanent (équipe salariée), je me souviens aussi d’ambiance très joyeuse pendant cette AG. Je me disais que je rentrais dans une association qui fonctionnait et fonctionne très bien. Ça a été important pour moi, j’avais un sentiment d’adhésion très fort. Je pense ensuite à l’assemblée générale(AG) de septembre 2020, à distance, ce qui était une prouesse en soi, grâce au travail des salarié.e.s de Frères des Hommes et notamment d’Estelle Bergerard, qui coordonne la vie associative. C’est suite à cette AG que l’on m’a proposé de devenir vice-présidente. C’était une façon pour moi de plonger encore davantage dans les projets et dans la vie de l’association. Etre vice-présidente c’est en fait intégrer un trinôme de fonctionnement, avec le président et le directeur. Un dernier moment marquant a été cette période de sidération due à la crise sanitaire, pendant laquelle tout s’est arrêté. Il y avait un enjeu fort chez Frères des Hommes de maintenir les relations avec ses organisations partenaires à l’étranger. Il a fallu assurer la conduite des projets tant que faire se peut sachant que le contexte des pays où sont basés ces partenaires pouvait être très compliqué. Frères des Hommes a continué à les accompagner par tous les moyens possibles, à mettre toute une méthodologie à leur disposition, une méthodologie très riche et créative. Je pense en particulier à la Pépinière de la solidarité internationale aussi a pu maintenir une mobilisation des tuteurs, des Pépins, cela a été une vraie prouesse de la part des salariés de Frères des Hommes et des bénévoles. Et, pour finir, à un niveau plus personnel, la rencontre avec le directeur, Yves Altazin, a été très marquante pour moi, par son grand souci du collectif et ses très grandes qualités managériales.

C’est donc une étape de plus dans ton engagement chez Frères des Hommes, comment te sens tu ?
Je suis honorée, je pensais qu’il fallait 10 ans d’expérience comme bénévole ou administratrice pour pouvoir être présidente. Le fait que ce soit allé aussi rapidement est une preuve de confiance Je suis très bien entourée mais de toute façon au-delà de cette fonction, importante certes, c’est d’abord un travail qui est collectif. Je suis fière de porter les valeurs et l’ambition de Frères des Hommes, qui est une association très dynamique, qui sait s’adapter Il y a une grande bienveillance beaucoup de professionnalisme, Il n’y pas de préjugés, de jugement, c’est assez rare. Chez Frères des Hommes, c’est le collectif qui l’emporte.