[Collectif Former pour Transformer] Les impacts des projets sur les territoires et les populations

Le Collectif Former pour Transformer a souhaité se doter d’un dispositif d’étude d’impact qui lui permette à moyen terme de s’assurer et de démontrer que des dynamiques de changement social sont à l’œuvre sur les territoires et que celles-ci participent à réduire de façon pérenne les rapports de domination.

Cinq organisations membres du collectif, réparties dans quatre pays, ont participé à ce premier cycle d’étude d’impact. Ces organisations incluent Duhamic-Adri et Adenya au Rwanda, l’UGPM au Sénégal, l’APEF en RD Congo, et CENCA au Pérou. Chaque étude avait un objet spécifique, choisit par l’organisation elle-même. Ces études visent à suivre les impacts des projets sur le long terme de manière cyclique, permettant ainsi d’améliorer l’accompagnement des populations.

Au Congo : les effets socio-politiques chez les femmes membres des unités de production de l’APEF

Voici le constat du suivi d’un échantillon de 50 femmes accompagnées par l’APEF entre 2017 et 2021 sur la question « Comment le pouvoir d’agir social et politique des femmes a-t-il été renforcé grâce à l’accompagnement de l’APEF ? »


© L’Atelier de la transformation sociale

Voici les défis identifiés :

  1. Renforcer l’engagement politique des femmes.
  2. Développer des stratégies d’alliance pour contrer la tendance des femmes formées à s’enfermer sur l’APEF.
  3. Intégrer davantage les hommes dans les initiatives et projets.

Des facteurs limitants comme la préoccupation de la survie, la méfiance relative de certains membres de la famille ou encore la peur des femmes de la perception sociale négative, peuvent entraver la participation active des femmes dans les sphères politiques et sociales. Il est essentiel de comprendre ces défis et ces contraintes et de travailler à les surmonter pour promouvoir l’égalité des genres et assurer une participation équilibrée de tous dans les efforts du développement de l’autonomisation des femmes.

Au Rwanda : les effets de la démultiplication du petit bétail et des formations grâce à Duhamic-Adri

Voici le constat du suivi d’un échantillon de 4 groupements économiques de proximité sur 2 secteurs différents accompagnés par Duhamic-Adri au sein du projet Récasé* sur la question « Comment les groupements économiques de proximité deviennent-ils des acteurs de changement social reconnus sur leurs territoires ? »


© L’Atelier de la transformation sociale

*Le projet Récasé a été lancé en 2017 par Frères des Hommes et ses partenaires Duhamic-Adri et Adenya pour soutenir le collectif paysan du sud du Rwanda.

Cette démultiplication du petit bétail peut engendrer des jalousies dans l’entourage des bénéficiaires et s’ajoutent à d’autres facteurs limitants tels que ;

  • Les effets du Covid-19 sur les activités,
  • Des problèmes de gestion dûs au grand nombre d’adhésions,
  • Une épidémie de peste porcine.

Mais nous observons également des éléments leviers comme l’inscription de personnes dans un groupe de paysan·n·es jusque-là isolé·es ainsi que le rôle central qu’occupe la formation dans le développement des Groupements.

Au Rwanda : l’impact des actions collectives concertées en termes de dynamiques de changement social grâce à Adenya

Voici le constat du suivi d’un échantillon de 2 organisations communautaires de base (OCB) sur 2 districts différents Adenya au sein du projet Récasé sur la question « Comment les organisations communautaires deviennent-elles des actrices de développement local ? »


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Suite aux actions réalisées, plusieurs défis et freins ont été relevés :

  • La réticence des membres à aider d’autres paysan·ne·s en dehors de leur organisation.
  • La non-disponibilité de la main d’œuvre pendant les périodes de pluie.
  • Une précipitation dans le processus de validation & volonté d’appropriation de la gestion du fonds par les autorités.
  • Des besoins immenses en matière de réhabilitation.
  • Une faible participation de la population aux travaux au début.

Cela dit, ces actions ont participé à l’identification de la problématique prioritaire à améliorer autour de concertations collectives à toutes les étapes, en planifiant un objectif commun. Ainsi, la complémentarité des acteurs permet de sensibiliser les membres des organisations communautaires à l’approche de concertation collective. Car cela favorise l’initiation à la prise de parole et permet sur le long terme, que le suivi puisse perdurer.

Au Pérou : Les impacts sociaux du renforcement des capacités des femmes de Mariategui (Lima)

Voici le constat du suivi d’un échantillon de 22 femmes accompagnées par CENCA sur la question « Comment le renforcement de capacités des femmes permet-il de faire évoluer les conditions de vie au niveau professionnel, familial et communautaire ? »


© L’Atelier de la transformation sociale

Avec la pandémie, on a relevé une vulnérabilité accrue ainsi qu’une surcharge de travail importante pour les femmes « multi-insérées », ainsi qu’une résistance de certains maris à ces processus. Ce à quoi s’ajoute la distance géographique

rendant compliqué voire impossible l’accompagnement de certaines femmes. Mais face à cela, nos équipes ont pu penser la suite avec plusieurs idées :

  • Promouvoir des sessions de conseil collectives plutôt qu’individuelles pour aborder certains thèmes
  • Promouvoir un programme « Parlons ensemble » et « Parlons territoire »
  • Faire un suivi des leaderships sociaux qui ont émergé
  • Mieux articuler les actions menées par les femmes et celles menées par les conseils d’administration des groupements familiaux

Au Sénégal : Les redynamisations des groupements paysans de l’UGPM

Voici le constat du suivi d’un échantillon de 9 groupements paysans de l’UGPM sur la question « En quoi le renforcement des groupements paysans permet-il d’améliorer le pouvoir d’agir individuel et collectif sur le territoire ? »


© L’Atelier de la transformation sociale

L’implication des jeunes reste toujours un défi pour notre partenaire, qui observe depuis longtemps un exode rural de la jeunesse notamment vers Dakar. Le nombre de groupements et leur hétérogénéité rendent difficile l’harmonisation de la redynamisation de ces derniers. Mais face à ça, les animateurs endogènes sont une réelle poulie de transmission essentielle à la remontée des informations vers l’UGPM et vers les groupements. Le caractère multi-dimensionnel des groupements (social, organisationnel, économique) fait réfléchir à une mutli-approche de l’accompagnement  : qu’il soit individuel, sur l’exploitation familiale, sur le groupement ou encore à l’échelle du village.


Les 5 études réalisées ont toutes mis en avant une série d’impacts récurrents catégorisés ci-dessous selon les différentes sphères de l’empowerment :

  • Avoir : accès à des ressources et à des services
  • Savoir : compétences, conscience critique, connaissances
  • Vouloir : force psychologique, capacité à aller vers les autres, état d’esprit
  • Pouvoir : conscience critique et capacité d’influence collective

Des effets importants ont été observé sur l’estime de soi, le renforcement des liens entre les personnes, les actions envers d’autres personnes, la collaboration avec d’autres acteurs
du territoire et l’envie de poursuivre d’autres actions.