Paris-Lima, Lima-Paris : récit d’une année de volontariat

On rembobine. Février 2017, Apolline Bouin arrive au Pérou pour un an de volontariat en service civique. Elle a une mission : suivre et communiquer sur toutes les activités du nouveau projet de Frères des Hommes et Cenca, Habla Mujer. Un an plus tard, elle raconte son année passée à être « les yeux et les oreilles de Frères des Hommes sur le projet. »

Premiers pas dans le projet

« Je suis arrivée à Lima en février 2017, j’ai eu la sensation d’entrer dans une fourmilière gigantesque. » En mettant les pieds au Pérou pour la première fois, Apolline découvre une ville, un pays, et aussi tout un projet : « Habla Mujer accompagne l’émancipation des femmes dans les quartiers défavorisés en périphérie de Lima. Ça passe par plusieurs choses : un soutien au développement d’activités économiques, un accompagnement social et juridique, on les aide aussi à prendre confiance en elles pour s’émanciper du patriarcat. » En arrivant, elle doit aussi se familiariser avec une organisation nouvelle pour elle, ce qui n’est pas forcément évident : « Ça m’a pris un certain temps avant de cerner ce que chacun fait chez Cenca. Il y a une quinzaine de personnes qui travaillent sur des sujets très variés : l’urbanisme, le genre, l’architecture, l’environnement…ça m’a pris du temps ! »

Assez vite, elle se déplace sur le terrain à la rencontre des femmes accompagnées par le projet : « La première fois que je suis sortie des bureaux de Cenca pour aller sur le terrain, à Carlos Mariategui, j’avais pas mal d’appréhensions. J’avais peur de ne pas trouver ma place en tant qu’observatrice, j’étais intimidée. » En arrivant, elle découvre un quartier très différent du Lima auquel elle commence à peine à se faire : « Mariategui se trouve en périphérie, sur des collines très rocheuses. Ça n’est que de la pierre, c’est poussiéreux et très pentu. On y arrive par le bus puis, pour se rendre chez les femmes, il faut monter par des chemins escarpés. Parfois, quand on a de la chance, on peut emprunter des escaliers en béton pour rejoindre les habitations, qui sont des petits modules en bois. Il faut imaginer aussi qu’à cause du climat assez aride, il n’y a quasiment pas de végétation dans les rues. »

Une posture qui évolue, des liens qui se créent

Au fil des mois, Apolline trouve son rythme entre ses activités pour Frères des Hommes (réalisation de reportages photos et vidéos, rédaction d’articles...) et son appui à la communication de Cenca. Elle travaille d’ailleurs en binôme avec Marie, volontaire de solidarité internationale de Frères des Hommes au Pérou depuis plus d’un an et demi. Sa posture évolue : « Dans les premiers mois, j’étais dans une phase d’observation, donc une posture plutôt passive. Petit à petit, je suis devenue force de proposition. Avec les femmes bénéficiaires aussi, j’ai vu une évolution. Au départ, elles étaient timides, elles n’osaient pas raconter leur histoire devant la caméra. Mais à force de passer du temps avec elles, on a créé une relation de confiance. » Et cette relation est primordiale, tant pour son travail que pour le projet en général : « Ça m’a permis de pouvoir les interviewer de manière beaucoup plus ouverte, sans barrière. Et c’est en connaissant les problématiques quotidiennes des femmes que le projet peut évoluer et s’adapter à leur réalité. »

Il y a une chose dont Apolline se souviendra longtemps, c’est justement la capacité des habitantes du quartier pour faire face à des quotidiens parfois compliqués : « C’est difficile pour les femmes qui habitent à Mariategui. Les problèmes sont multiples : le climat, le patriarcat, la violence physique ou verbale… Grâce aux activités du projet, elles ont l’opportunité de prendre leur vie en main. Elles ont une force, un enthousiasme qui se transmet. Entre elles bien sûr, mais aussi à nous, de Cenca ou Frères des Hommes. »