Edito

Les visages de la solidarité

Cette pandémie mondiale nous a tous frappés de plein fouet. Elle est venue nous montrer à la fois la fragilité de nos existences et nos formidables facultés de résilience. Ce qui aura fait le lien entre des situations parfois tragiques et notre capacité d’adaptation est incontestablement la solidarité. La solidarité, c’est l’attention portée à l’autre. Elle est le liant entre les personnes exposées à des situations de vulnérabilités et celles qui sont dans des situations plus privilégiées. Les populations que nous accompagnons au quotidien ont été durement éprouvées par cette crise. En Frères des Hommes et ses organisations partenaires, elles ont trouvé des alliés sincères.

Une pluralité de soutiens

Nombreuses ont été les formes de solidarité mises en œuvre dans les activités de notre association. Nous avons voulu dans ce Panorama nous en faire témoin. Dès mars 2020 notre équipe salariée, même confinée, s’est adaptée. Nous avons lancé la proposition d’abonder un fonds spécial « solidarité avec nos partenaires », reçue très positivement par nos fidèles donateurs. Pour nos organisations partenaires à l’étranger, ce fonds a permis d’assurer leur présence aux côtés des populations et de construire rapidement des réponses à la précarité aggravée par la crise sanitaire. Leur capacité d’engagement est la résultante de la forte mobilisation de nos donateurs.

Rester proche même à distance

Notre travail d’accompagnement des organisations partenaires n’aura pas cessé malgré la distance. Dans ce contexte nos volontaires de solidarité internationale affectés à nos projets et présents localement ont joué un rôle prépondérant. Ils en témoignent, vous pourrez découvrir un retour sur leur expérience vécue pendant plusieurs années.

Le travail de renforcement des capacités de nos organisations partenaires a porté ses fruits. Collectivement nous avons produit de nombreux outils pédagogiques et d’accompagnement qui sont utilisés avec les populations. C’est l’objet de l’« Atelier de la transformation sociale », un site de ressources accessible par Internet que nous avons lancé en octobre.

S’adapter à l’impossibilité de se rencontrer physiquement aura été pour Frères des Hommes l’occasion de déployer d’autres formes collectives de travail. Ce fut le cas pour les bénévoles de la Pépinière et pour le conseil d’administration qui ont continué à fonctionner par visioconférences.

Vive 2021 !

Vous le verrez, l’engagement de Frères des Hommes à rester un lieu pertinent de transformation sociale est intact ! Nous avons finalisé une charte éthique contre les violences de genre. Nos valeurs se vivent ainsi au cœur de toutes nos actions ! Et en fin d’année nous avons lancé la « Fabrique Solidaire », une invitation à toutes les bonnes volontés de se joindre à Frères des Hommes, de devenir « lanceur de solidarité » et de collecter des dons auprès de ses proches. Notre année 2021 s’annonce riche en activités tant à l’étranger qu’en France avec les bénévoles engagés dans la Pépinière. Vous trouvez en dernière page un aperçu de notre programme. Et même si les nuages de la pandémie sont toujours là, nous savons qu’ensemble nous sommes prêts à y faire face.

Yves Altazin,
Directeur de Frères des Hommes

Les actions à l’étranger

Face à la crise, l’alliance

Entre Frères des Hommes, nos partenaires et les populations en situations de vulnérabilités qu’ils accompagnent, le maître mot de cette année 2020 a été l’alliance. Dès les premiers jours des différents confinements, au Pérou, en Haïti, au Sénégal, en Inde, au Rwanda ou en République démocratique du Congo, il n’a jamais été question de fermer les bureaux ou de cesser les activités.

Comme dans d’autres pays, le confinement au Pérou a été soudain et les conséquences ont été immédiates dans ce pays où 70% de la population travaille dans le secteur informel. Notre partenaire Cenca s’est très vite mobilisé tant la situation devenait critique, face à des familles qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans moyen de travailler et donc de disposer d’un revenu pour acheter des produits de base et de la nourriture. Davis Morante, son directeur, a témoigné de sa préoccupation auprès de Frères des Hommes : « On parle de familles qui, déjà sans la pandémie, sont dans une situation d’extrême pauvreté. Elles se sont organisées en lançant les Marmites pour tous. Elles ont commencé à cuisiner en commun ce qu’elles avaient et à le distribuer aux habitants du quartier. » Une initiative qui perdure jusqu’à aujourd’hui. En Inde, le confinement de la population a aussi été très brusque et massif. Les dalits, qui font partie des castes les plus basses du pays, ont été durement touchés et notamment les employées de maison « qui n’ont pas de sécurité sociale et ne peuvent compter que sur elles », indiquait en avril Sebastian Devarraj, directeur de Fedina, notre partenaire à Bangalore. Très vite, son équipe doit trouver des solutions. Les conditions sont très compliquées, les permis de circuler sont délivrés au compte-gouttes et seuls quelques salariés et animateurs parviennent à rejoindre les quartiers populaires. Une production de masques est tout de même lancée : « Nous collaborons avec des travailleuses du textile qui ont des machines à coudre chez elles. 10 000 masques ont été fabriqués et donnés gratuitement aux habitants des bidonvilles, surtout les plus âgés » dit Sebastian.

En République démocratique du Congo comme en Inde, « les plus affectées par la crise ont été les femmes. Ce sont elles qui vont au marché, qui apportent à manger à la maison. Tout le monde devait rester chez soi mais elles sortaient quand même, elles n’avaient pas le choix » dit Nunu Salufa, qui dirige l’Association pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin (APEF) dans la ville de Bukavu. Fortement dépendante des marchandises en provenance du Rwanda voisin, la ville a été très impactée par la fermeture de la frontière pendant plusieurs semaines. La conséquence a été une forte hausse des prix et une raréfaction des produits alimentaires et de première nécessité. « Les gens ont préféré dépenser 500 francs congolais  pour s’acheter à manger plutôt que de s’acheter des masques. On a demandé aux gens de se confiner alors que ces gens n’ont rien » témoigne Nunu. Comme à Bangalore, l’action de l’APEF s’est organisée autour de la fabrication de masques : « Les femmes que nous avions formées sont venues dans notre centre, on les a accompagnées. Une commande de 20 000 masques est arrivée du Syndicat des entreprises du Congo. Toute l’équipe de l’APEF restait tard la nuit avec elles, on formait vraiment un tout. »

Les activités ont « juste ralenti »

S’adapter, garder le lien avec les populations : en Haïti, au Sénégal ou au Rwanda, nos partenaires n’ont jamais arrêté leurs activités, « juste ralenti », comme le dit Juvénal Turahirwa, le directeur d’Adenya, une des organisations partenaires de Frères des Hommes dans le sud du Rwanda. Sur place les animateurs du projet ont néanmoins pu rendre visite aux collectifs de paysans à certaines occasions, leur accompagnement se faisant beaucoup par téléphone. 
C’est dans ces moments-là que le sentiment d’appartenance devient palpable, comme au Sénégal : « Ce sentiment était présent avant la crise, mais maintenant les gens se rendent encore plus compte que l’UGPM est toujours là pour eux. Nous n’avons pas fermé quand la maladie s’est déclarée, on s’est dit que les paysans devaient avoir un interlocuteur. Il fallait qu’on soit là » dit Ndiakhate Fall, secrétaire général de l’Union des Groupements Paysans de Meckhé (UGPM), partenaire de Frères des Hommes. Outre les séances de sensibilisation aux gestes barrières, l’UGPM se lance alors dans la coordination de ses groupements pour l’achat collectif de produits de première nécessité et de semences.

En Haïti, alors que la crise sanitaire est annoncée comme dévastatrice, le Mouvement paysan Papaye (MPP) commence aussi à rapidement mobiliser ses groupements : « Nous avons été là au quotidien, les animateurs ont continué à travailler avec les paysans. Nous avons distribué des kits sanitaires aux 50 familles les plus vulnérables par section communale. Si nous avions fermé, vers qui les paysans auraient-ils pu se tourner ? » dit Mulaire Michel, coordinateur du projet mené avec Frères des Hommes. Le symbole est fort pour les paysans de la région, alors que l’État a péché par son absence dans les campagnes haïtiennes.

Un fonds de solidarité

Si la mobilisation et l’adaptation de nos partenaires ont été rapides, le risque était bien réel que la crise menace leurs structures mêmes et suspende définitivement les actions avec les populations. Pour Frères des Hommes, il a fallu leur permettre de se mobiliser localement sur des actions d’urgence et leur garantir une stabilité dans le temps. Très vite un fonds spécial « solidarité avec nos partenaires » est mis sur pied. Le dialogue s’installe avec eux en s’adaptant le plus possible aux contraintes. La proposition d’utiliser les ressources humaines prévues dans les projets pour des actions d’urgence leur est faite. C’est de cette façon que l’équipe de Cenca va mettre en place une distribution alimentaire ou que Fedina va débuter une production de masques.

Une solution est trouvée avec l’Agence française de développement, un des bailleurs de Frères des Hommes, pour prolonger les projets et faire face à la crise. Des prolongations financièrement rendues possibles grâce à une mobilisation sans précédent de nos donateurs qui ont répondu à nos appels à la générosité. Et au-delà des besoins d’urgence, c’est déjà l’après crise qui est dans les têtes et la volonté que les organisations partenaires ne perdent pas le contact avec les populations.

Générosité des donateurs 73 681€
Fondation Frères des Hommes 50 000€
Fondation de France 20 000€
Total 143 681€

Le savoir-faire de Frères des Hommes

Accompagner le changement social

Des valeurs et des principes d’action forts nous liant à nos partenaires ont été réaffirmés dans notre document d’orientation politique : faire le choix d’une transformation sociale avec les populations en situations de vulnérabilités, se former pour s’émanciper, se structurer en collectif, faire alliance pour ne pas reproduire des rapports de domination. De ces principes d’action a découlé la volonté de Frères des Hommes d’accompagner ses partenaires en mettant à disposition son savoir-faire. 2020 a été une année tronquée par la crise sanitaire mais pas une année sans actions de notre part.

« En Haïti, dit Chloé Inisan, chargée de formation, on a pu continuer à travailler avec le Mouvement paysan Papaye en créant avec eux, à distance, un plan de formation pour les groupements paysans autour de la gouvernance, de la gestion de conflit et de la comptabilité. Ça a été un énorme travail de 6 mois. » L’accompagnement de Frères des Hommes s’est aussi fait au niveau des partenaires eux-mêmes, au niveau de leurs structures pour qu’ils se renforcent en ingénierie pédagogique et en formation : « Le gros objectif en 2020 était de renforcer les capacités en formalisation de Fedina, notre partenaire en Inde », complète Léa Rouillon, chargée de formation, « nous voulions parvenir à ce qu’il y ait une mémoire écrite de leurs formations car tout se fait à l’oral. Fedina avait envie d’une analyse critique de celles-ci. Ensuite le gros enjeu a été de leur faire part de tous les outils d’apprentissage créés par le collectif Former pour transformer. »

Ce collectif, créé par Frères des Hommes en 2018, est composé de nos partenaires sénégalais, haïtien, rwandais, congolais, indien et péruvien. Il part du principe que c’est en regroupant les acteurs de la société civile que se construisent les alternatives pour lutter contre l’injustice sociale.

Ce collectif partenarial est donc un lieu d’échange, de partage et d’apprentissage en commun. Concrètement cela veut dire que les pratiques, les méthodes de chaque organisation (par exemple un guide sur l’accompagnement de collectifs paysans ou un livret sur une méthode de formation) sont documentées, analysées, mises en forme pour être ensuite partagées et utilisées au quotidien par les membres du collectif.

Le chaudron du collectif

Du chaudron de ce collectif sont sortis en 2020 de nombreux outils pédagogiques, qui vont servir aux organisations membres dans leur accompagnement des populations. Six livrets à destination de formatrices et formateurs ont par exemple été publiés, ils relatent différentes expériences d’organisation en collectifs, explorent les concepts de genre et d’« empowerment » ou proposent des méthodes pour animer un collectif. Le site internet de l’« Atelier de la transformation sociale » a aussi vu le jour, il compile l’ensemble des outils et joue le rôle d’espace d’apprentissage. Enfin, la parole a été donnée aux volontaires de solidarité internationale de Frères des Hommes en Haïti, au Pérou, en République démocratique du Congo, au Rwanda et au Sénégal. Ils reviennent sur leurs postures, leurs engagements, leurs trajectoires et leurs rôles dans les actions de transformation sociale sur place.

Visitez le site de l‘Atelier de la transformation sociale pour consulter les livrets et outils pédagogiques produits par le collectif Former pour transformer.

Les volontaires au cœur des actions

« Il est primordial de partir des besoins de l’organisation »

Les volontaires de solidarité internationale sont au cœur de cette vision commune à Frères des Hommes et ses partenaires : la formation des populations en situations de vulnérabilités est la clef de leur émancipation. Pendant 2, 3 ou 5 ans, Marie Bouret, Thomas Brigatti, Johanna Bedoya, Marie-Pierre Djekou et Sarah Hopsort se sont engagés pour Frères des Hommes en tant que volontaires de solidarité internationale, au Pérou, en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Sénégal et en Haïti.

À la croisée entre expérience personnelle et enrichissement professionnel, leur volontariat a connu plusieurs étapes, et en premier lieu celle de l’intégration. « Je dirais, témoigne Jovanna, qu’il y a eu un processus d’adaptation : il fallait identifier les personnes ressources, la manière dont les organisations travaillent, leur rythme. Ensuite, il y a eu une phase d’intégration dans laquelle on va identifier quelles sont les tâches que nous pouvons réaliser sans que cela altère la manière dont les organisations travaillent. »

Au même moment, c’est l’interculturalité qui se joue : découvrir un nouveau contexte de vie, des habitudes différentes : « J’ai connu un monde loin du mien mais finalement tellement proche. J’ai connu des modes de vie différents et le milieu paysan, ses enjeux et les personnes qui se battent pour qu’il continue d’exister » ajoute Marie-Pierre.

D’observateur à co-constructeur

Peu à peu, les marques se prennent, de la position d’observateur, les volontaires passent à celle d’ « accompagnateur », de « co-constructeur », ils proposent des outils et des méthodes nécessaires au projet. « Il est primordial de partir des besoins de l’organisation auxquels on va ajouter l’expertise apportée par Frères des Hommes, dit Marie-Pierre. Dans le cas de l’UGPM au Sénégal, l’animation des collectifs paysans fait partie de son ADN. Ce qui lui faisait défaut, c’était l’uniformisation et la formalisation. L’essentiel du travail était donc de partir de ce que l’organisation voulait transmettre aux différents publics cibles et de mettre à disposition des animateurs des supports avec des contenus et des méthodes. »

Petit à petit, Marie, Thomas, Johanna, Marie-Pierre et Sarah acquièrent une compréhension de plus en plus fine du contexte et de l’organisation partenaire. Et petit à petit ils vont participer à des espaces de discussion au-delà du projet. « Si on reste sur le projet, dit Thomas, on passe à côté de certaines choses. Il est crucial de partager les autres activités de l’organisation. Intervenir dans d’autres activités hors projet permet d’incarner l’engagement dans l’organisation. » À ce moment-là les volontaires sont dans une « zone tampon », à mi-chemin entre Frères des Hommes et ses partenaires dont ils connaissent les enjeux et stratégies.

Comment alors transmettre les dynamiques, à la fois professionnelles et personnelles, qui se sont mises en place pendant des années, à l’heure du départ ? « J’ai cherché à identifier les personnes que je pense être suffisamment disponibles et à l’aise pour reprendre certaines choses » explique Sarah. « Pour moi, poursuit Thomas, il était important de contribuer à la mémoire de l’association et, dans cette logique, de poser par écrit certains enseignements afin de prendre en compte l’expérience acquise et faciliter la tâche de ceux qui seront amenés à assurer la continuité. »

Le changement social

Améliorer sa vie et protéger l’environnement sont indissociables

« Nous croyons que les quartiers populaires ne sont pas le problème mais sont la solution. Il faut qu’ils démontrent à la société que le changement social et le changement environnemental sont possibles » affirme Paul Makedonski, directeur de Cenca, notre partenaire au Pérou.

Justice sociale et protection de l’environnement sont en effet indissociables et sont de plus en plus présents dans les projets de Frères des Hommes. C’est le sens de notre action initiée en 2020 avec le Mouvement paysan Papaye (MPP), dans le centre d’Haïti, qui fait le lien entre l’amélioration des conditions de vie des familles paysannes et la protection de l’environnement.

Dans un environnement menacé comme en Haïti, le défi de vivre de sa terre est de taille. « Dans le pays aujourd’hui, on parle de moins de 2% de couverture forestière naturelle. Sans intervention, sans action, Haïti va devenir un désert. C’est pour cela que tous les acteurs du milieu rural doivent se mobiliser. Le MPP dès sa naissance a travaillé sur cette question de l’environnement. C’est un de nos axes prioritaires, nous formons des paysans à l’agroécologie, qui vont eux-mêmes accompagner d’autres paysans » dit Mulaire Michel, le coordinateur du projet mené avec Frères des Hommes. Les populations en situations de vulnérabilités, en première ligne face aux conséquences de la destruction et l’accaparement des ressources naturelles, sont des actrices majeures de cette mobilisation. « J’ai parlé avec nos aînés, ils me disaient qu’autrefois le pays était moins touché par les catastrophes naturelles, que la végétation était plus importante, plus présente. Je pensais que si aucun effort n’était fait, la situation allait empirer, j’ai décidé de “choisir” l’agroécologie pour pouvoir changer les choses. Concrètement cela veut dire s’occuper de manière respectueuse de sa terre » explique Rosener Exil, un agroécologiste du MPP.

Les jardins communs de Lima

Dans la capitale péruvienne aussi, pourtant dans un contexte urbain, justice sociale et protection de l’environnement sont les deux objectifs que poursuivent les « jardins communs ».

Mis en place depuis plusieurs années par notre partenaire Cenca, ces jardins sont conçus et entretenus collectivement par les habitants de Mariategui, un des quartiers populaires les plus vulnérables de la banlieue de Lima. Ils leur permettent de faire face au coût élevé des fruits et légumes dans cette partie de la ville difficile d’accès. Cela permet aussi de les sensibiliser à l’agroécologie et, en agissant ensemble, d’être de véritables acteurs de leur environnement face à une société qui les discrimine largement.

Enfin, ces jardins collectifs ont pris tout leur sens au début de la crise sanitaire jusqu’à maintenant en alimentant les « Marmites pour tous » . C’est le « Sumak Kawsay », le « Buen Vivir » (le « Vivre ensemble » en quechua et espagnol) qui, dit Cenca, « respecte l’être humain, ses croyances, sa culture, en harmonie avec la nature, et pour lequel il n’existe pas de rapport de domination ».

La vie de l’association

Une charte éthique pour Frères des Hommes

« Nos sociétés, ici en France comme ailleurs sur la planète, dans un mouvement globalisant, reproduisent un système politique, économique et social basé sur la mise en concurrence et l’exaltation de l’individualisme. Cette logique, accroissant les inégalités et les exclusions, légitime l’exercice de rapports de domination que l’on retrouve dans les relations entre individus, entre entités économiques, entre territoires et aussi entre États. » Cet extrait du document d’orientation politique de Frères des Hommes n’a pas seulement un sens déclaratif, il a aussi une application concrète. Frères des Hommes entend lutter contre la reproduction des rapports de domination, l’un d’eux étant celui des violences de genre à l’égard des femmes.

En 2020, cet engagement a pris la forme d’une charte éthique dont le but est de prévenir ces violences et d’y répondre. Fruit d’un travail collectif entre les membres du conseil d’administration et les salariés, son approche se veut d’abord pédagogique. Elle suppose avant tout une prise de conscience, il s’agit de « veiller à ce que l’ensemble des intervenants et intervenantes au nom de Frères des Hommes ait conscience de ce qu’est une violence liée au genre, de ses risques et de ses conséquences et de la tolérance zéro vis-à-vis de ces violences ». Ensuite le cadre est préventif, les actions des salariés ou intervenants doivent se faire dans « un environnement de collaboration et de partenariat égalitaire et sûr pour chacune et chacun », le but étant de prévenir « les situations de harcèlement et de violences liées au genre et sexuelles ».

Code de conduite

« S’engager à ne pas commettre de violences liées au genre en France ou à l’étranger » entraîne en pratique la signature d’un code de conduite et un engagement à « ce que son comportement professionnel et personnel soit en conformité et en cohérence avec les valeurs et les priorités politiques de Frères des Hommes liées à la non-reproduction des rapports de domination ». Cet engagement implique de « traiter toute personne avec respect et dignité et de ne pas commettre d’actes de harcèlement », que ce soit par des « commentaires, gestes, actions, suggestions, symboles et/ou contacts physiques répétés, non réciproques et/ou importuns, fondés, entre autres, sur le genre ».

C’est donc un premier pas pour Frères des Hommes et une concrétisation de son engagement à lutter contre tous les rapports de domination. Un premier pas qui a été suivi peu de temps après par un autre : la mise en place de la parité au sein du conseil d’administration de Frères des Hommes, la garantie d’un espace de gouvernance plus égalitaire.

Les actions en France

La solidarité internationale sans se déplacer ?

La fermeture des frontières, l’impossibilité de se déplacer a obligé en 2020 les salariés et les bénévoles de la Pépinière de la solidarité internationale à des prouesses d’adaptation.

Au moment du premier confinement, une dizaine de Pépins (qui réalisent une action de solidarité à l’international) étaient alors en cours d’accompagnement par leur tutrice ou tuteur et leur partenaire local. Deux d’entre eux étaient déjà au Sénégal et en Bolivie. Il a fallu d’abord parer au plus urgent : s’assurer de leur retour dans de bonnes conditions notamment avec l’aide des partenaires sur place, qui ont facilité le lien avec les ambassades et permis de finaliser les différentes activités des projets. Pour les autres Pépins, deux options se posent alors : le report au printemps ou à l’été 2021, comme le projet « La forêt comestible : une voie vers l’autosuffisance alimentaire » au Rwanda ; ou deuxième option : un soutien aux actions des partenaires par le biais d’une collecte et/ou d’une mobilisation citoyenne, mais sans aller sur place.

La crise sanitaire a aussi touché le réseau des équipes bénévoles de la Pépinière réparties à Bordeaux, Nantes, Paris et Saint-Etienne. Des équipes qui ont assuré en visioconférence les permanences d’information et l’accompagnement des Pépins dont le projet avait été reporté. Il a fallu maintenir, aussi à distance, la dynamique au sein de ces équipes quand celles-ci avaient pour habitude de se réunir physiquement. Les formations et les temps collectifs ont également été adaptés sur des formats virtuels pour maintenir la préparation des projets. Ces différentes adaptations ont fait émerger de nouvelles idées pour répondre à cette question : Peut-on agir pour la solidarité internationale sans vivre une expérience concrète avec les populations locales ?

Un « plan B » pour la Pépinière

La réponse passe en 2021 par un « plan B ». C’est-à-dire la possibilité de monter un projet sans aller sur place, tout en construisant à distance le lien avec les populations pour et avec lesquelles le Pépin se mobilise. L’idée est aussi de pouvoir faire le lien entre le projet à l’étranger et des actions de mobilisation et sensibilisation en France.

L’accueil des nouveaux Pépins va se poursuivre en ligne ainsi que les formations pour les Pépins et équipes bénévoles, grâce à une série de modules déjà expérimentés fin 2020.

L’ADN de la Pépinière reste intact, sa finalité reste intacte, mais les moyens changent. Une nouvelle forme de solidarité a émergé de la crise sanitaire, c’est aussi ce que propose la Fabrique Solidaire lancée par Frères des Hommes fin 2020.

La générosité en mouvement

La Fabrique Solidaire, une nouvelle forme de solidarité

Devenir « lanceur de solidarité », voilà ce que propose Frères des Hommes avec la Fabrique Solidaire, lancée fin 2020. Comme les « lanceurs d’alerte » qui agissent pour l’intérêt général, les « lanceurs de solidarité » se mobilisent en lançant leur page de collecte de dons pour soutenir une des actions menées par Frères des Hommes et ses partenaires. Devenir lanceur de solidarité n’est pas anodin, c’est partager et promouvoir les valeurs de Frères des Hommes.

La Fabrique Solidaire, c’est un appel de conviction à la générosité du public et une démarche d’alliance. Pourquoi parler d’alliance ? Parce que la Fabrique propose aux « lanceurs de solidarité » de s’engager avec les populations en situations de vulnérabilités en soutenant leurs actions d’émancipation et de changement social. En donnant de leur temps et en mobilisant leurs proches, ces lanceurs deviennent alors des alliés solidaires !

Un lieu de proximité

Concrètement, être lanceur de solidarité signifie que l’on souhaite, seul ou en équipe, ouvrir une page de dons en ligne. Celle-ci est créée sur le site Internet de la Fabrique Solidaire, construit comme une plateforme de financement participatif. La durée de sa campagne d’appel à la générosité est fixée à 45 jours. Le lanceur n’est pas seul, il est accompagné tout du long par Frères des Hommes.

Dès le lancement, un guide de collecte lui est transmis pour lui apporter les principaux conseils lui permettant d’atteindre son objectif. Plusieurs temps d’échanges sont aussi prévus avec lui, à la fois individuels et collectifs.

La Fabrique Solidaire, c’est un lieu de proximité, il fait écho aux initiatives locales qui sont au cœur des actions de Frères des Hommes. C’est un lieu où résonne la solidarité.

Entre 2021 et 2024, 3 196 femmes, hommes et jeunes et 80 collectifs seront accompagnés dans le cadre des actions menées à l’étranger. Indirectement, elles toucheront plus de 50 000 femmes, hommes et jeunes.

Le programme 2021

Haïti

Le projet (débuté en mai 2019) va se concentrer en 2021 sur les activités économiques collectives lancées par 50 groupements paysans (élevage, culture maraîchère, culture vivrière) et la mise en œuvre d’actions de protection de l’environnement par 7 « Comités citoyens », désormais fonctionnels et autonomes.

Pérou

Le projet « Habla Mujer » entre en 2021 dans une deuxième phase (de 3 ans). Les femmes impliquées dans les cantines populaires seront au centre des actions, elles intègreront une école de formation de responsables communautaires, prendront part aux formations techniques, dont une en agriculture urbaine. Enfin, une campagne de plaidoyer pour la reconnaissance de ces cantines sera lancée et leur réseau sera renforcé.

Rwanda

Début 2021 la dernière main sera mise au projet « Récasé » lancé 3 ans plus tôt, avec l’organisation de « parlements virtuels », d’un concours culinaire ou de journées de bilan, avant le début d’une deuxième phase.

République Démocratique du Congo

L’année 2021 sera riche avec le démarrage d’un nouveau projet et la mise en place de formations techniques en coupe-couture, en teinture et en alphabétisation. C’est un projet qui va aussi assurer des formations sur le « planning familial et la masculinité positive » à destination des hommes et encourager la formation d’un grand collectif de femmes entrepreneuses.

Sénégal

Notre partenaire l’UGPM va se situer dans la continuité du projet précédent (qui a pris fin en 2020) en organisant des formations sur la « gouvernance » des groupements, sur les rapports de domination, ainsi que des formations en alphabétisation et le suivi des exploitations familiales. Par ailleurs 10 nouveaux groupements paysans seront créés. Toujours au Sénégal, un nouveau partenaire, l’organisation Concept, rejoint Frères des Hommes avec un projet de 3 ans d’accompagnement de jeunes apprentis artisans grâce des formations techniques et la création d’un fonds d’appui en entrepreneuriat.

Inde

La sensibilisation et la formation des employées de maison et des femmes retraitées, issues des basses castes, va se poursuivre, cette année-ci à distance.

Former pour transformer

C’est aussi en 2021 la poursuite des actions de notre collectif Former pour transformer (dont font partie les organisations sus-citées), qui continuera de partager des pratiques de terrain, des méthodes, des analyses, des outils, construisant peu à peu une vision commune.

France

L’action de la Pépinière de la solidarité internationale va prendre de l’ampleur avec un ancrage territorial plus développé, des équipes locales renforcées et la sensibilisation d’un public plus large à la solidarité internationale. L’autre enjeu pour Frères des Hommes en 2021 sera la poursuite de la réflexion sur la mise en place d’actions en France avec les populations en situations de vulnérabilités, grâce à un travail collectif entre le conseil d’administration, les salariés, les adhérents et les militants bénévoles de Frères des Hommes.

Le programme 2021

Haïti

Le projet (débuté en mai 2019) va se concentrer en 2021 sur les activités économiques collectives lancées par 50 groupements paysans (élevage, culture maraîchère, culture vivrière) et la mise en œuvre d’actions de protection de l’environnement par 7 « Comités citoyens », désormais fonctionnels et autonomes.

Pérou

Le projet « Habla Mujer » entre en 2021 dans une deuxième phase (de 3 ans). Les femmes impliquées dans les cantines populaires seront au centre des actions, elles intègreront une école de formation de responsables communautaires, prendront part aux formations techniques, dont une en agriculture urbaine. Enfin, une campagne de plaidoyer pour la reconnaissance de ces cantines sera lancée et leur réseau sera renforcé.

Rwanda

Début 2021 la dernière main sera mise au projet « Récasé » lancé 3 ans plus tôt, avec l’organisation de « parlements virtuels », d’un concours culinaire ou de journées de bilan, avant le début d’une deuxième phase.

République Démocratique du Congo

L’année 2021 sera riche avec le démarrage d’un nouveau projet et la mise en place de formations techniques en coupe-couture, en teinture et en alphabétisation. C’est un projet qui va aussi assurer des formations sur le « planning familial et la masculinité positive » à destination des hommes et encourager la formation d’un grand collectif de femmes entrepreneuses.

France

L’action de la Pépinière de la solidarité internationale va prendre de l’ampleur avec un ancrage territorial plus développé, des équipes locales renforcées et la sensibilisation d’un public plus large à la solidarité internationale. L’autre enjeu pour Frères des Hommes en 2021 sera la poursuite de la réflexion sur la mise en place d’actions en France avec les populations en situations de vulnérabilités, grâce à un travail collectif entre le conseil d’administration, les salariés, les adhérents et les militants bénévoles de Frères des Hommes.

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