Haïti : la parité comme mode d’action

Le Mouvement paysan Papaye (MPP) fait office de précurseur en ce qui concerne l’intégration des femmes, avant même que l’égalité homme-femme ne devienne une priorité pour nombre de pays dans le monde.

La création d’espaces par les femmes pour les femmes

En 1987, les statuts du mouvement consacrent l’égalité entre les hommes et les femmes, ce qui encourage la création d’autres groupements de femmes. En 1989, le premier congrès des femmes paysannes en Haïti voit le jour, étape importante qui entérine la création du mouvement des femmes du MPP. Désormais, l’organisation repose sur un “trépied” constitué de 3 groupes sociaux organisés : les paysans dans leur ensemble, les femmes et les jeunes. Le MPP a aujourd’hui intégré l’égalité entre les genres dans ses règles. Le dernier congrès du 40e anniversaire de l’organisation a décidé d’imposer la parité dans ses structures.

En 2014, la parité au sein du MPP permet l’existence d’« espaces » d’action propres aux femmes, en matière économique notamment, à travers la création de groupements de femmes ou le soutien à des initiatives individuelles. Au niveau politique, le mouvement des femmes, en se structurant a permis d’accéder à l’échelon national, dont la plupart des institutions sont dirigées par les femmes. Enfin la parité a créé des espaces de débat où le problème de l’équité de genre est publiquement posé, y compris hors du MPP.

Magorie St Fleur, agronome au sein du Mouvement paysan Papaye (MPP). En Haïti, dans la région du Haut Plateau Central, elle forme les paysans à l’agroécologie :

Dans mon école, il y avait un garçon qui était toujours premier. Il avait l’habitude de dire que les filles ne pouvaient être que des bonnes épouses et n’étaient pas suffisamment intelligentes pour faire ce qu’elles voulaient. Mon père m’a dit : « Ce sont des mensonges, au contraire, les filles ont plus de capacités pour apprendre que les garçons, et ce qu’il t’a dit aujourd’hui, tu peux lui démontrer demain que c’est faux. » J’ai toujours gardé ce principe par la suite. Je motivais les autres filles autour de moi, qui croyaient parfois qu’elles avaient moins de capacités que les garçons, que leur place n’était pas à l’école à force d’entendre les garçons leur dire ça. Il y a tellement de filles qui quittent l’école à cause de ça…