Haïti : « Ma mission était un peu celle d’un reporter »

A son tour de passer de l’autre côté de l’objectif. Pendant près d’un an, Orlane Marris a sillonné la zone du Plateau Central d’Haïti, à la rencontre de tous ceux qui sont impliqués dans notre projet avec le Mouvement paysan Papaye. De retour à Paris, elle partage son expérience…

« Avant ma mission, j’avais vu, un peu comme tout le monde, des images notamment de l’après-séisme de 2010. Mais ce sont les 10 mois que j’ai passés là-bas qui ont forgé mon image d’Haïti. » C’est avec une pointe de nostalgie que, de retour à Paris, Orlane évoque l’île où pendant presque un an, elle a travaillé au contact des paysans : « Il faut dire qu’en arrivant, je n’avais pas vraiment d’idée de ce à quoi ressemblait le pays, et j’ai été très surprise. Port-au-Prince est une grosse ville très concentrée, mais dès que l’on en sort, on se retrouve en zone rurale. On voit les montagnes au loin, c’est très verdoyant, avec une grande richesse de paysages. Ce sont les premières images que j’ai eu d’Haïti. »

« Au fur et à mesure, j’ai appris à être à l’aise dans mon rôle de reporter »
« Ma mission était un peu celle d’un reporter pour le projet. Ça me permettait d’aller rencontrer des paysans sur le terrain, chez eux. » Pour Frères des Hommes, elle était chargée de rencontrer les acteurs du projet (dont les paysans) pour prendre le pouls (en photos, vidéos et articles) des différentes actions mises en place. Une tâche qui ne s’est pas avérée si facile dans les premiers temps : « Une des premières difficultés pour moi, ça a été ma posture d’observatrice. Quand j’allais voir des paysans qui étaient en train de bêcher, j’avais envie d’aller bêcher avec eux, et pas forcément que de prendre des photos…Mais au fur et à mesure, j’ai appris à être à l’aise dans mon rôle de reporter. » Une autre difficulté pour Orlane a aussi été la langue : « Lorsque je suis arrivée, je ne parlais pas le créole, je n’avais que mon sourire pour communiquer, et j’essayais de faire expliquer par le traducteur ce que je faisais là aux paysans. Petit à petit, j’ai vraiment pris de l’autonomie. En apprenant la langue, j’ai pu discuter et créer un vrai lien avec les personnes que je rencontrais. » Elle ajoute : « Apprendre le créole, c’était aussi important pour rendre vraiment compte des choses dans mes vidéos ou dans mes articles. Je me suis sentie beaucoup plus à l’aise pour remplir ma mission. »

« C’est vraiment concret »
Son travail s’est donc partagé entre des visites aux paysans bénéficiaires du projet et des temps avec les formateurs du MPP : « J’ai beaucoup aimé travailler directement avec les formateurs. Ils avaient des documents sur lesquels s’appuyer pour mener leurs formations, et nous, on travaillait pour que ce contenu soit plus facilement compréhensible et partageable. Ce que j’ai aimé, c’est tout le processus de création des formations, c’est vraiment concret. » Pour ça, elle travaillait en binôme avec Sarah (Hopsort), volontaire Frères des Hommes en Haïti depuis plus de trois ans : « Elle faisait des réunions sur le contenu des formations, et moi, je me chargeais de la mise en page. Elle m’a vraiment aidé à m’insérer dans la dynamique de travail, ce qui n’est pas forcément facile quand on est là pour 10 mois ! »

Si on lui demande ce qu’elle dirait à un potentiel volontaire en Haïti, sa réponse est sans appel : « Je lui dirais de ne pas hésiter. Il y a beaucoup de choses à découvrir en Haïti. Des choses difficiles, des choses très belles, mais dès lors qu’on apprend la langue et que l’on se mêle aux gens, c’est une très belle expérience ! »