Devenir des citoyennes à part entière : l’exemple indien

Humiliées, exclues : en Inde, les femmes sont considérées comme des citoyennes de
seconde zone. Face à cette situation, Frères des Hommes et son partenaire Fedina (Fondation pour les innovations éducatives en Asie) se mobilisent depuis 1996 pour
leur venir en aide. L’objectif : promouvoir l’émancipation sociale et politique de travailleurs du secteur informel au sud du pays, parmi lesquels des milliers de femmes défavorisées. Le combat s’engage aussi bien sur leurs lieux de travail qu’au sein du huis clos domestique, à travers une approche singulière.

Interpeller, réunir, former

Les femmes indiennes cumulent tâches domestiques, éducation des enfants et vie professionnelle : un quotidien laborieux qui ne laisse aucune place au temps libre. A renfort de pièces de théâtre de rue, de distribution de livrets ou encore de réunions publiques, les animateurs de Fedina s’adaptent à leur rythme effréné et interpellent un grand nombre de femmes à des moments-clés de la journée. Certaines vont alors faire le choix courageux de s’affranchir des menaces et pressions de leurs employeurs et de se rassembler en groupes ou syndicats.

Réunies par des préoccupations communes, elles le sont d’autant plus par leur volonté d’améliorer leurs conditions de vie. Dès lors, elles sont formées à la connaissance des lois les protégeant, au droit du travail, au leadership. Il s’agit de leur permettre de connaître leurs droits en tant que femmes et travailleuses et de remettre en cause les discriminations profondément ancrées dans la société indienne.

La force du groupe

Les groupes épaulés localement par Fedina se mobilisent activement : organisation de campagnes de sensibilisation, de manifestations, de défilés, de grèves… Au travers de chacune de ces actions, les femmes indiennes réclament l’application de la loi et des conditions de travail décentes. Elles attirent l’attention de la société sur leur situation mais font aussi et surtout évoluer leur quotidien, à l’instar de l’action des « comités de vigilance » soutenus par Fedina. Ces derniers visent à rompre la loi du silence sur les violences conjugales et à les prévenir : lorsque l’une des membres du comité est victime d’abus, elle alerte alors les femmes de son groupe qui accourent à son domicile et interviennent pour la protéger, de jour comme de nuit. Ce faisant, elles refusent les discriminations subies, regagnant peu à peu leur fierté.