Les femmes paysannes transforment leur vie en se formant

« Pour moi se former voulait dire améliorer la qualité de l’huile que je produis. »Magatte Diouf habite Payenne, un village de 300 habitants près de la ville de Méckhé. Elle a été formée, avec 50 autres femmes paysannes, pour, à terme, fabriquer une huile de qualité.

« La première journée de formation consistait à acheter l’arachide, poursuit l’agricultrice, et à séparer les bonnes des mauvaises graines. Après ce triage, on passait lors du deuxième jour à l’étape de la fabrication. » Les femmes étaient encadrées par les animateurs de l’UGPM. « Le moment le plus marquant de ces formations a été celui où les femmes ont fabriqué, avec le soutien de techniciens, l’huile raffinée, très très claire et propre, c’était un peu l’aboutissement de la formation et une grosse satisfaction pour les femmes » dit Ndialy Sang, le coordinateur du projet.

Faire face aux « banabanas »

La fabrication de l’huile implique aussi de savoir gérer les revenus issus de sa production, pratique que les femmes paysannes n’avaient pas toujours. « La formation en entrepreneuriat a été très suivie et très utile » commente Awa Diop, présidente du groupement de paysans du village de Payanne, « ça m’a permis de faire des calculs sur les bénéfices et d’anticiper les pertes. Ça me permet de savoir ce que je vais gagner avec telle quantité d’huile et donc d’anticiper en achetant une quantité d’arachide correspondante. Et maintenant, j’utilise aussi ce qu’on m’a appris dans mes autres activités. » Une méthode de gestion qu’elle a relayée dans sa famille et notamment auprès de son mari qui s’est mis à l’utiliser. Une meilleure production, une meilleure gestion : en deux ans, les femmes paysannes ont peu à peu amélioré leur mode de vie. Cela prend du temps. Acquérir de nouvelles techniques de fabrication et de gestion a été long à mettre en place, mais les résultats sont bien là. « Petit à petit l’oiseau fait son nid » commente Ndialy Sang, « et c’est pour cela que nous poursuivons la dynamique, même si le projet a pris fin.  » L’UGPM se mobilise notamment pour aider les femmes à faire face aux "banabanas", les intermédiaires, qui font la pluie et le beau temps sur le marché de Méckhé. « Le problème est qu’elles arrivent sur le marché en ordre dispersé, et donc sans fixer de prix de vente commun. On les incite à se regrouper. C’est ce qu’on appelle le "vendre unique". »

La place des femmes dans la famille

Mais le plus important reste la place des femmes dans la famille « qui a beaucoup changé » dit Awa Diop. « Aujourd’hui, je suis capable de gérer seule mes revenus et de faire des propositions. » «  La femme ça n’est pas la peine de la consulter. C’est comme ça que les hommes pensaient » dit Ndiakhate Fall, le directeur de l’UGPM, « mais maintenant ils ont quelqu’un en face qui gagne de l’argent et qui sait argumenter. » Les femmes ont acquis une place et, poursuit Awa Diop, « maintenant si tu veux faire quelque chose dans le village, une mobilisation ou autre, tu dois passer par les femmes. »