La situation chez nos partenaires (au 15 juin)

Haïti :

Le pays est le troisième le plus touché des Caraïbes. L’épidémie continue donc de progresser, rapidement, et s’étend en particulier au Plateau Central, où est basé le Mouvement paysan Papaye. Il s’agit d’une des principales portes d’accès en Haïti depuis la République dominicaine, beaucoup plus touchée. Même si la frontière est fermée, elle est extrêmement poreuse et le passage continue de se faire. L’hôpital de la ville de Hinche, principale ville de la région, est en première ligne. Les personnes atteintes et les décès y sont de plus en plus nombreux. De manière générale dans le pays, beaucoup de patients se présentent trop tard à l’hôpital, doutant de la dangerosité du virus ou effrayés par des rumeurs d’injections mortelles dispensées aux malades. La stigmatisation est de plus très forte parmi la population qui parle de la « petite fièvre » mot valise pour parler (ou éviter de parler) du virus. L’état d’urgence a été prolongé jusqu’au 19 juillet avec la fermeture des frontières, l’application d’un couvre-feu de 20h à 5h du matin, la fermeture des écoles, l’obligation du port du masque, l’interdiction de toute réunion de plus de 10 personnes et l’obligation pour les transports de ne rouler qu’à moitié de leur capacité. Enfin en pleine crise sanitaire se profile la saison des ouragans. Selon les prévisions, plusieurs ouragans majeurs pourraient frapper Haïti cette année.

Inde :

Le pays est entré dans une phase de déconfinement progressif jusqu’au 30 juin. Cela signifie une reprise d’activité dans les centres commerciaux, les lieux de culte, les restaurants et les hôtels. Aucune indication n’a été donnée quant à la reprise du trafic aérien international, les vols intérieurs ont eux repris le 25 mai. Ces recommandations sont nationales mais les autorités locales restent compétentes pour les appliquer selon la progression locale du virus. Ainsi dans une dizaine d’agglomérations classées « rouge », les plus frappées par l’épidémie, l’interdiction de déplacement perdure. L’Etat du Karnataka, où travaille l’organisation Fedina, a lui autorisé les déplacements à l’intérieur et l’extérieur de ses frontières mais a reporté l’ouverture du métro, des cinémas et des stades. Le couvre-feu est allégé et maintenu de 21h à 5h du matin. Ce déconfinement intervient alors que le virus est loin de ne plus circuler et que l’Inde représente le septième pays le plus touché au monde, avec plus de 200 000 cas déclarés. Le retour de milliers de travailleurs migrants, après avoir été bloqués des semaines dans les grands centres urbains, a largement contribué à propager le virus dans le pays.

Sénégal :

Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes du pays contre le couvre-feu instauré depuis le 23 mars dans le cadre de l’état d’urgence. Les autorités publiques, sous pression, ont réagi : le couvre-feu commencera à 23h00 (au lieu de 21h00) pour prendre fin à 5h. Des mesures d’assouplissement sont aussi prévues pour les réunions dans les endroits publics ou privés, les restaurants ou les salles de sport. Les Sénégalais auront aussi la possibilité de circuler librement dans l’ensemble du pays. Les frontières, aériennes et terrestres, restent toutefois fermées au moins jusqu’au 30 juin. Le virus continue en effet à circuler certes lentement mais les écoles qui devaient ouvrir le 02 juin restent fermées. La rentrée est donc reportée sans date de reprise indiquée. La situation à Dakar inquiète par ailleurs les autorités, où persiste un réel problème de contamination communautaire. 80% des nouveaux cas quotidiens dans le pays y sont enregistrés.

RDC/Rwanda :

Pendant 3 jours, la ville de Bukavu (siège de notre partenaire l’APEF) a été confinée (selon un système de rotation entre quartiers) et isolée du reste du pays, les autorités ayant suspecté un risque de propagation possible dans la ville. La progression du virus reste lente, la barre des 3 000 cas a été franchie cette semaine, avec, comme depuis le début de la crise sanitaire, une grosse majorité dans la capitale Kinshasa. Si la progression reste lente, la courbe est exponentielle et dans la capitale les autorités ont beaucoup de mal à sensibiliser la population à la dangerosité du virus, qui a entrainé une centaine de décès contre 5 000 pour la rougeole cette année. Autre conséquence de la crise, une chute de 50% de la fréquentation des hôpitaux, ce qui fait craindre un impact collatéral très important. Le Rwanda a lui enregistré un premier décès dû au Covid-19. Le gouvernement rwandais a autorisé à nouveau les déplacements interprovinciaux. Les moto-taxis peuvent également reprendre du service. Le couvre-feu reste en vigueur sur tout le territoire. Les lieux de culte et les écoles restent également fermés.

Pérou :

Le pays suscite beaucoup d’interrogations. Il est maintenant confiné depuis plus de 80 jours et même si il a été le premier en Amérique du sud à instaurer des mesures de restrictions draconiennes et plusieurs types de soutiens financiers, le virus continue sa progression. Parmi les tentatives d’explication revient souvent l’énorme proportion du secteur informel, plus de 70% de la population, qui a fragilisé les mesures décidées par le gouvernement.
183 000 cas positifs ont été enregistrés et 5 000 décès. Le système de santé a beaucoup de mal à faire face et le Pérou est actuellement confronté à une pénurie d’oxygène médical. Les familles des patients touchés par le Covid-19 sont obligées de s’en procurer par elles-mêmes. Pour faire face à cette situation, le gouvernement péruvien a publié un décret d’urgence faisant de l’oxygène une ressource stratégique pour la santé.