Edito

Utopie ou réalité ?

Chacun de nos projets, où qu’ils soient, sont mis en oeuvre avec l’idée forte que s’y construit une juste manière de vivre les relations sociales, économiques et environnementales. On pourrait dire aussi que c’est la volonté de « construire » une société différente qui est le moteur de notre engagement.

Cela nous apparaît comme une évidence : pour que cessent les situations de pauvretés et d’injustices, la société doit se transformer.

Mais alors que penser de l’augmentation des inégalités, de la pauvreté que l’on voit réapparaître partout, même en France ? Nos actions seraient-elles vaines ? Faudrait-il se résigner à l’individualisme, au chacun pour soi, à l’exclusion ? Prétendre transformer la société serait-ce une utopie ?

Non, les vertus de la coopération, de la solidarité, de l’entraide existent vraiment. Elles sont même très efficaces pour offrir des conditions de vie décentes et respectueuses à toutes et tous ! Nous en sommes convaincus.

Derrière ce « nous », se regroupent les donateurs, adhérents, bénévoles, salariés, volontaires de Frères des Hommes. Ce « nous », c’est aussi celui de nos organisations partenaires avec leurs animateurs, leurs formateurs et toutes les femmes et hommes qui se rassemblent dans des collectifs pour y construire des alternatives solidaires.

Agir en collectif pour transformer la société !

Notre axe fondamental : considérer les personnes qui sont en situation de vulnérabilités en tant qu’acteurs et non pas bénéficiaires d’une aide extérieure. Notre première priorité d’action : activer les capacités et pouvoirs d’agir de ces personnes. Pour y parvenir, nous proposons des formations inspirées de l’éducation populaire (01), utilisant des méthodes participatives adaptées. L’objectif est de permettre à celles et ceux qui en bénéficient de changer leurs situations économiques et sociales. C’est un parcours d’émancipation.

Chacun se forge une conscience critique quant aux rapports de dominations à l’origine de situation de vulnérabilités vécues. Vient alors la liberté de se regrouper pour agir ensemble. Et lorsque ces collectifs ont comme principes la coopération, la solidarité et la non-reproduction de ces rapports de domination, l’alliance qui s’y construit est déjà du changement social ! Notre volonté est de voir se multiplier et se pérenniser ces espaces de transformation solidaire.

C’est dans cette même volonté que s’enracine notre Pépinière de la solidarité internationale. Ici aussi, l’action collective est centrale : tuteurs-bénévoles, salariés, donateurs, chacun prend sa part pour permette au« Pépin » de réaliser un projet solidaire avec les populations à l’étranger. C’est la richesse de notre proposition au « Pépin » : expérimenter l’alliance de son propre pouvoir d’agir avec celui des populations investies dans des collectifs solidaires à l’étranger.

Alors vouloir transformer la société serait une utopie ? Non ! Nos actions concrètes en font une réalité quotidienne. En 2019, continuons à agir en collectif !

Yves Altazin,
Directeur de Frères des Hommes

Haïti

Le socle
collectif

7 400 km depuis la France et 1er arrêt à Papaye, dans le centre d’Haïti, le « jardin » de notre partenaire le Mouvement paysan Papaye (MPP). Le collectif y est considéré comme « le socle du mouvement » selon les mots de Juslène Tyrésias, membre du comité de direction du MPP.

Le mouvement considère en effet que les paysans haïtiens ne peuvent améliorer leurs conditions, se développer et obtenir un vrai changement social qu’en s’organisant collectivement. Au sein du MPP, cette organisation collective passe par un travail d’animation et de formation de groupements paysans dont l’idée est liée à la philosophie du MPP : renforcer les liens entre paysans d’une même localité et qui partagent les mêmes problèmes. Mais pas que. Ces groupements ont une symbolique très forte puisque jusqu’à la fin des années 80, époque de la dictature militaire des Duvalier père et fils, ils offraient un espace d’expression alors que les réunions politiques étaient interdites.

Les groupements façonnent l’entraide paysanne

65 nouveaux groupements ont été créés pendant les quatre ans du projet mené entre 2014 et 2018 par le MPP et Frères des Hommes. Composés d’une dizaine de paysans, souvent voisins, ils façonnent l’entraide paysanne dans la campagne haïtienne, là où les paysans avaient tendance à s’isoler.

« On discute avec les paysans, on leur parle de l’importance de faire partie d’un groupement, dit Adeline Odener, animatrice d’un groupement, quand il y a des problèmes entre ses membres, on s’assied entre nous et on voit comment on peut arranger ça. Beaucoup de gens se sentent aussi libérés, surtout les femmes et les plus jeunes, ils osent prendre la parole sans problème, grâce aux formations que je donne. »

Une fois la parole libérée et solidaire, suivent les mobilisations collectives pour la défense des droits des paysans ou la citoyenneté : « Tout le groupement, continue Adeline, était là pour la journée du 8 mars organisée par le MPP contre les violences faites aux femmes. C’est important car on se retrouve, on se regroupe. »

Alors que le groupement a une vocation plus sociale, la brigade agro-sylvicole se veut plus « technique ». C’est le second pilier de l’action collective du MPP. « Là, dit Rosemane Philogène, agricultrice près de la ville de Hinche, on est 10 paysans à appartenir à la brigade, tous voisins. On fait des travaux d’entretien, de récolte sur chacun de nos terrains. Les autres paysans de la zone voient que ça marche, que c’est peu coûteux et à leur tour ils adoptent la même philosophie et forment des brigades. »

Sénégal

Le groupement comme identité

Autre continent, autres campagnes et mêmes enjeux. Au Sénégal, dans la région du Cayor, le collectif est, comme en Haïti, aussi incarné par le « groupement ». Il est à la base de l’UGPM (Union des Groupements Paysans de Meckhé), notre partenaire. Créé au début des années 80 en réponse à la politique nationale de « responsabilisation » du paysan, on en compte actuellement 76, dans 89 villages. Dans le groupement s’opèrent toutes les activités collectives de l’UGPM. Il accompagne les familles, participe à la gestion des ressources du village, organise des actions de sensibilisation, informe ses membres. Les groupements se constituent à l’échelle du village, l’UGPM allant à la rencontre des habitants (qui ont souvent eu vent de ses activités par le bouche à oreille).

Une alternative à l’individualisme

L’immense défi pour l’UGPM est de faire face à un exode rural très important et, en conséquence, à de forts changements de valeurs, dont l’émergence de l’individualisme. Face à une organisation sociale villageoise perdant petit à petit ses pratiques de solidarité, la réponse a été en 2018 de consolider les groupements : « Un problème qu’on avait identifié, dit Ndiakhate Fall, le directeur de l’UGPM, c’était une certaine léthargie des groupements de paysans, à cause de leur manque de connaissances sur leurs rôles et responsabilités. On a donc formé les animateurs et les responsables des groupements là-dessus. Ensuite, ils ont partagé tout ça avec les paysans. On a pu ensuite voir l’impact de cette activité. Par exemple, certains groupes ont organisé des assemblées générales et il y a eu un renouvellement des dirigeants. Ils ont aussi rédigé des règlements intérieurs pour dire : “ Quand on est membre d’un groupement, voilà ce que ça implique…” »

Le renforcement des groupements s’est accéléré cette année par la formation des animateurs en gestion, en agroécologie et par des activités communautaires (champs collectifs, greniers, banques de céréales ou parcelles de démonstration en agroécologie). « Aujourd’hui, ajoute Ndiakhate, il y a des rencontres qui sont organisées par les groupements, entre groupements, pour discuter des difficultés rencontrées par les paysans dans les villages. Je pense que ce sont des avancées extraordinaires. »

Rwanda

Collectif et
individus sont

« La mission collective est indissociable de la mission individuelle. » Fidèle Mutabazi décrit ainsi l’esprit du projet Récasé (02) mené avec Frères des Hommes, qu’il coordonne depuis un an et demi. La dimension collective y est omniprésente, notamment à travers le Groupement économique de proximité. Très localisé, il est composé en moyenne de 90 paysans et va rapidement permettre de faciliter l’organisation et l’appropriation des techniques d’élevage et de maraîchage proposées par le projet. Les paysans y partagent leurs pratiques, leur savoir-faire, les problèmes auxquels ils font face. C’est aussi le lieu des tontines (système d’épargne collectif). 2018 a été largement consacré à la mise en place de ces groupes et à la formation de ses membres.

« Couteau suisse » des collines rwandaises

Les animateurs jouent un rôle essentiel : facilitateur, technicien, pédagogue, agronome, ils sont les « couteaux suisses » des collines rwandaises. « Ils vont aussi accompagner les paysans à développer des systèmes d’épargne solidaire, des activités comme des jardins potagers ou des poulaillers collectifs. Ça permet vraiment de renforcer l’entraide et la solidarité au niveau local » dit Caroline Kientz, chargée de projet chez Frères des Hommes.

Le projet Récasé est l’illustration du lien entre développement économique et développement social. C’est sur ce dernier enjeu qu’interviennent les Organisations communautaires de base (OCB). Ce sont des collectifs (formels ou informels), renforcés par le projet, créés par des paysans d’une même localité. « Dans ces espaces, dit Juvénal Turahirwa, autre coordinateur du projet, on identifie des personnalités qui seront moteurs dans leur collectif. C’est à partir de cela que les gens commencent à être plus informés. Puis on renforce leurs capacités en matière d’animation des réunions : ils commencent à oser, à dire. Ensuite on propose des formations autour de leurs droits et devoirs pour les aider à se défendre. » Puis ce sera ensuite au sein des « parlements virtuels (03) », véritables caisses de résonance des attentes des paysans (et nouveauté du projet en 2019), qu’ils feront ensuite entendre la voix du collectif.

République Démocratique du Congo

Parvenir àl’émancipation sociale

Franchissons la frontière rwandaise pour trouver à quelques kilomètres la ville de Bukavu. Le centre de formation de l’APEF continue d’attirer chaque année des dizaines de femmes que l’inégalité sociale, la pression familiale ou le contexte politique ont rendues très vulnérables. L’idée de construire des collectifs est ancienne chez notre partenaire. Si leur vocation est d’abord économique, l’APEF les utilise surtout comme outil social (nous le verrons dans l’article suivant, CENCA agit de la même manière au Pérou) : « Parce que la formation technique, pour l’APEF, c’est une première étape vers l’émancipation sociale de la personne, dit Nunu Salufa, la directrice de l’APEF. La deuxième étape, ce sont des formations sociales et sur le collectif, pour permettre aux apprenantes de prendre en main leur environnement et devenir actrices de leur propre développement. »

Réfléchir sur la forme de ces collectifs

Plus de 70 de ces femmes ont été formées en 2018 à la coupe-couture ou à la teinturerie mais aussi aux méthodes pour intégrer un collectif, tout en étant sensibilisées au droit au travail, à l’éducation ou à la gestion des conflits. « Le collectif fait partie des choses que l’on veut approfondir avec Frères des Hommes. L’idée, c’est que les femmes qui ont terminé leur formation intègrent des collectifs. On doit alors réfléchir à la mission de ces collectifs, leurs visions » dit Nunu Salufa. Elle ajoute : « Quand les gens acceptent de se mettre en collectifs, ils doivent réfléchir sur la forme de ces collectifs : Une coopérative ? Une mutuelle ? Il y a aussi des collectifs qui peuvent prendre la forme de syndicats qui vont commencer à engager des discussions avec l’État. »

Savoir-faire
Frères des Hommes

Début avril 2018, Caroline Kientz et Audrey Noury, salariées de l’équipe de Frères des Hommes, se sont rendues à Bukavu : « Sur place, nous avons pu échanger sur la stratégie de l’APEF, notamment en dialoguant sur leur vision de la transformation sociale et comment ils imaginent le collectif à mettre en place » dit Caroline. « Après, poursuit Audrey, à partir de nos échanges, nous avons décliné tout cela en activités et priorités, notamment l’adaptation et la création des modules de formation autour de la gestion et de l’organisation en collectif à dispenser dès que les femmes intègrent le centre de l’APEF. »

Pérou

« La conscience
sociale est liée
au collectif »

Entre la ville de Bukavu et Lima, a priori peu de points communs et pourtant les approches de nos partenaires se rejoignent. « Pour CENCA, dit Davis Morante, co-directeur de cette organisation partenaire de Frères des Hommes au Pérou, le développement de la conscience sociale est très lié au collectif. Il est difficile de développer cette conscience de manière individuelle. Il y a une relation très dynamique entre le collectif et l’individuel. » Les formations « techniques » en pâtisserie, en chocolaterie ou en cordonnerie, dont plusieurs ont eu lieu en 2018, restent certes « un point fort du projet « Habla Mujer » (04) continue Davis, parce que nous parlons d’une population qui vit dans une grande pauvreté, et qui manque souvent d’opportunités. Ces formations les aident justement à trouver un travail, ou tout simplement à gagner en estime de soi. » Mais « ce que nous voulons, continue-t-il, c’est construire des personnes qui puissent elles-mêmes agir, c’est une manière d’être en lien. »

« Une petite cellule de transformation sociale »

Plusieurs espaces sont créés pour cela. C’est le cas au niveau économique à travers les formations en gestion, en entrepreneuriat ou en commercialisation qui encouragent la mise en commun des ressources et compétences. C’est le cas aussi des « temps d’échange » qui ont lieu deux fois par mois et qui rassemblent les femmes participant au projet (et leurs voisines) sur des thèmes de discussion précis : « C’est un espace réservé aux femmes où nous pouvons échanger sur nos difficultés quotidiennes. En arrivant, j’ai eu l’impression d’être en famille. D’être dans une communauté », dit Katty Sanchez, une des participantes du projet « Habla Mujer ». C’est aussi le cas de l’ESDEL (l’ « école des leaders » de CENCA) où certaines se forment pour jouer un rôle moteur dans leur communauté : c’est là que la prise de conscience personnelle et des enjeux sociaux se fait. Enfin, au bout de ce processus au long terme vient la constitution du collectif, ce que CENCA appelle les « équipes communautaires », composées volontairement par celles et ceux qui ont été formées, avec l’appui de notre partenaire. « Cette équipe, décrit Davis, devient une petite cellule de transformation sociale, de modification des relations de pouvoir dans le quartier. Elle envisage une nouvelle manière de concevoir le développement. »

Inde

S’organiser
pour résister
ensemble

Pour Fedina, notre partenaire, le collectif se construit sur le long terme, au cas par cas et en allant directement à la rencontre des populations. « On se déplace dans une rue où habitent huit ou dix employées de maison. Nos animateurs les appellent. Parfois, elles vont venir s’asseoir pour assister à la réunion. On parle alors des problèmes qu’elles ont pu rencontrer ce jour-là dans les maisons où elles travaillent. On parle aussi des lois qui existent, de comment elles peuvent s’organiser, comment elles peuvent décider de certaines choses collectivement… Et à partir de là, on peut encourager certaines d’entre elles à prendre du temps pour assister aux réunions mensuelles d’un groupe » dit Usha Ravikumar, la coordinatrice de Fedina.

En 2018, cinq de ces groupes à Bangalore et dans sa région ont été remobilisés à travers le projet mené par Frères des Hommes et notre partenaire. « On travaille surtout avec les employées de maison, les travailleuses dans le domaine de la construction, les retraitées, les porteuses de charge et celles qui nettoient les latrines à la main. Le travail d’écoute des animateurs de Fedina est ici décisif. » dit Usha.

Ces groupes ont aussi été formés au droit du travail et aux lois de protection des femmes, pour déboucher sur une série d’actions collectives  par exemple, une marche à l’occasion de la journée internationale des femmes le 8 mars ou la mobilisation d’un groupe réussissant à obtenir des jours de repos après plusieurs jours de manifestations. « Nous travaillons avec les “porteuses” de marchandises. Elles ne sont payées qu’un demi-salaire pour huit heures de travail. Il se trouve que ces femmes font partie des castes les plus basses et leurs employeurs des castes supérieures. À cause de ce facteur de castes, elles se sentent obligées d’accepter lorsqu’on leur demande. Pourtant des lois existent. Les faire travailler dans sa maison gratuitement est absolument illégal. Notre rôle, souligne pour conclure Usha, c’est d’éduquer les femmes sur leurs droits, de les aider à s’organiser pour qu’elles puissent résister ensemble, tout en retrouvant de la dignité sur leurs lieux de travail. »

France

Vivre l’alliance

Aujourd’hui la Pépinière est un lieu d’engagement citoyen, mais pas n’importe lequel. Le « Pépin », par son projet de solidarité internationale, va vivre une véritable relation d’allié avec les populations qu’il rencontre. La Pépinière, le tuteur et l’organisation partenaire de Frères des Hommes sont des accompagnateurs du Pépin pour vivre cette alliance. « Entre les populations plus vulnérables et les populations plus favorisées, le point commun c’est l’échange. Cela permet de dépasser ces distinctions classiques du riche et du pauvre, du favorisé et du vulnérable, et ainsi de réaliser que l’on a tous à gagner » rapporte Stéphane Vince, tuteur de l’équipe de Nantes. Le projet du Pépin s’inscrit dans les activités des populations locales puisque ce sont elles qui les font perdurer. « Il faut rester humble. Il faut aussi avoir une ouverture d’esprit avec des personnes qui sont d’une autre culture et qui ont certainement une autre manière d’envisager les choses » ajoute Catherine Basson, Pépin de l’équipe de Saint-Etienne.

Le bénévolat entre accueil et formation

Que ce soit Stéphane ou Catherine, tous les tuteurs, Pépins, toutes les personnes intéressées par la démarche, qui poursuivront ou non l’aventure, font leur entrée par un TIP (Temps d’information Pépinière). Animé par les bénévoles dans chacune des quatre équipes, à Paris, Nantes, Bordeaux et Saint-Etienne, le TIP permet de découvrir l’essentiel de la Pépinière. 300 personnes ont ainsi été accueillies en 2018, dont une trentaine ont déjà intégré la Pépinière. Ceux justement qui l’intègrent vont se lancer sur un chemin de formation. Pour préparer son projet, le Pépin est invité à participer à des formations pour le planifier et le budgétiser, communiquer et collecter des fonds et mieux connaître les populations avec lesquelles il va s’associer à l’étranger. De son côté, avant d’être mis en lien avec un Pépin, le tuteurbénévole est aussi invité à suivre des formations dont un module de deux jours dédié à l’accompagnement. Quatre sessions de formation ont été organisées en 2018, profitant à près de 20 tuteurs. C’est important car pour la Pépinière, bénévolat rime aussi avec savoir-faire. « Pour pouvoir continuer à accueillir différents profils de bénévoles, il est nécessaire de les “équiper’” pour développer leur pouvoir d’agir dans leur mission d’accompagnement » précise Chloé Inisan chargée de formation de Frères des Hommes. « L’expérience nous montre que ces formations permettent aussi aux bénévoles de questionner le sens de leur engagement » ajoute-t-elle.

Une dynamique collective au service des Pépins

Aux premiers jours de l’été 2018, ont été organisées les deuxièmes journées « AVEC » (Accompagner la Volonté d’Accompagnement Citoyen). S’y sont retrouvés les organisations partenaires venant de six pays différents, les tuteurs, Pépins et adhérents de Frères des Hommes, avec la volonté de renforcer l’identité et le sens de la Pépinière. Quelques mois plus tard, en septembre, les quatre équipes locales ont fait leur « rentrée » lors d’un week-end d’échange d’expériences et de pratiques autour de l’accompagnement des Pépins. « Grâce à ce genre d’événement, on se sent plus acteurs, plus impliqués que si on nous donnait simplement des feuilles de route à appliquer. C’est la richesse de la Pépinière de pouvoir impliquer les bénévoles au coeur de la réflexion » témoigne Louise Nimier, tutrice de l’équipe de Paris. Le projet « En avant toutes », accompagné en 2018, illustre aussi cette dynamique de co-construction. « On a mis huit mois à travailler sur notre projet, qui a vraiment été co-construit avec Fedina, le partenaire de Frères des Hommes en Inde, avec Bruno, notre tuteur et l’équipe Pépinière de Paris » dit Elodie, une des trois Pépins qui ont participé à l’action. Ce projet illustre bien la richesse de l’expérience partagée entre les Pépins et les groupes de femmes victimes de violences. En proposant aux femmes d’exprimer leur vécu par des dessins, affiches et banderoles, les Pépins ont répondu à leur volonté de témoigner de leurs réalités. Ces dernières ont ensuite utilisé ces supports pendant la marche organisée pour la journée internationale des droits des femmes à Bangalore.

2019

Demandez le programme !

Haïti

L’année qui vient marquera le démarrage du nouveau projet entre le Mouvement paysan Papaye et Frères des Hommes. Pendant 3 ans, les groupements paysans seront au centre de l’attention et des actions du projet, avec un objectif : renforcer la force collective du mouvement, en accompagnant l’engagement de ses animateurs/animatrices et en remobilisant les familles paysannes.

Sénégal

Le projet mené dans la région du Cayor sera centré sur la formation des animateurs de l'équipe centrale et des animateurs locaux, notamment en gestion administrative et financière et aux techniques d’animation. Aller dialoguer avec les jeunes de la région fait aussi partie des priorités : quelles sont leurs préoccupation, quelles sont leurs places dans les groupements paysans ?

Rwanda

L’accompagnement technique des paysans va se poursuivre sous le signe de l’agroécologie et des échanges d’expériences avec d’autres paysans du Rwanda. 2019 sera surtout le signe de la montée en puissance des collectifs paysans grâce à des formations en gestion des conflits, en techniques d’expression et plaidoyer en attendant la mise en place du « parlement virtuel » paysan.

République démocratique du Congo

Un nouveau cycle de formation va démarrer à Bukavu, avec le début des formations en coupe couture et teinture, qui seront accompagnées de formations citoyennes, de temps d’échange entre nouvelles et anciennes « apprenantes », du renforcement des animateurs/animatrices de l’APEF ; et la volonté affirmée pour cette dernière d’accompagner les femmes participantes à créer des collectifs, après les formations.

Pérou

Dans la banlieue de Lima, CENCA va lancer un nouveau cycle de formation à la fois technique (en pâtisserie, chocolaterie ou cordonnerie), économique (en gestion et entrepreneuriat) et social avec des « temps d’échange » qui rassemblent deux fois par mois les femmes participant au projet sur des thèmes de discussion précis.

Inde

L’action de Fedina va se concentrer sur la dynamisation de cinq groupes de femmes dans la région de Bangalore, avec des formations au droit du travail, aux droits des femmes ou sur les violences domestiques. La sensibilisation de la population ne sera pas oubliée avec notamment des représentations de théâtre de rue à vocation sociale.

France

En 2019, à Paris, Nantes, Bordeaux, Saint-Étienne, nos quatre équipes consolident le dispositif de la Pépinière de la solidarité internationale : accueil et formation de nouveaux Pépins et tuteurs-bénévoles. Lors des journées AVEC « Accompagner la Volonté d’Engagement Citoyen » début 2019, nos partenaires de l’étranger renforcent les liens entre les Pépins et les populations engagées localement.

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